Test de Saints Row, toujours un défouloir déjanté
Fondez votre gang à Santo Ileso et faites régner le crime pour imposer votre style dans les rues de la ville.
Le 23 août 2013 sortait Saints Row IV, un véritable carton commercial qui a séduit par son humour pas toujours très fin. 9 ans plus tard, la série a droit à un reboot plus coloré, plus travaillé, mais toujours aussi déjanté. Saints Row continue de singer la formule GTA en 2022 tout en écrivant sa propre histoire et ce test nous a offert l’opportunité d’éprouver le mélange. Mais après autant de temps d’absence, l’essence du jeu est-elle encore là ?
Ce test de Saints Row a été réalisé sur PC avec une version fournie par l’éditeur.
A Santo Ileso, les gangs et sociétés privées font la loi. Et les Saints ne peuvent que se réjouir du chaos ambiant pour s’attaquer aux autres et prendre du territoire. Une fois de plus, en partant de rien, il va falloir gravir les échelons de la criminalité. Des menaces de mort aux fusillades en passant par les courses-poursuites, Deep Silver Volition a su faire évoluer son humour sans perdre son panache.
On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs
Il y a beaucoup de défauts dans ce Saints Row. Que ce soit dans son optimisation ou dans son gameplay, de nombreuses erreurs subsistent. Si une grande partie sera réglée avec le patch de lancement, d’autres risquent de rester pour un moment. Il n’est pas rare de voir son avatar s’envoler après avoir heurté un véhicule ou avoir un menu des objets qui reste grisé. Mais ces problèmes sont mineurs contrairement au véritable ennemi de ce jeu : l’intelligence artificielle.
C’est un point que l’on redoutait depuis la première preview du jeu, l’IA n’est pas bonne du tout. S’il n’est pas rare de voir des ennemis un peu idiots, ici le trait est forcé, à tel point que les combats en sont ridicules. Votre personnage ne perd quasiment pas de points de vie, certains ennemis ne font que vous fixer, tandis que d’autres se prennent en selfie en plein milieu d’une fusillade. Et encore, c’est ce qui arrive lorsqu’ils se décident à intervenir, car une partie d’entre eux ne bougera pas, attendant patiemment la mort, même lorsque vous dansez à côté d’eux. Augmenter la difficulté ne règle pas cela, même au maximum, et c’est déprimant.
Ce n’est pas mieux en ce qui concerne vos alliés, qui cherchent toujours la meilleure façon de se suicider. Mais ces derniers restent tout de moins moins dangereux que les civils au volant, qui n’hésitent jamais à vous couper la route. On dit souvent que le danger vient des autres, et pour une fois c’est justifié. Il faut faire attention au moindre carrefour, à chaque croisement et à chaque feu. Cela limite grandement les risques, mais vous n’êtes pas à l’abri de ceux qui décident de vous couper la route. Heureusement, ces défauts sont largement compensés par la maîtrise des autres aspects du jeu.
Une évolution pas si évidente à voir
Santo Ileso est une ville immense, et s’il faut débloquer progressivement certaines fonctionnalités, le monde ouvert s’offre rapidement aux joueurs. Il ne faut pas plus d’une heure avant que Saints Row ne vous laisse totalement aux commandes. Voler des voitures, parcourir la ville, attaquer des gangs, acheter de nouvelles armes et vêtements, tout cela est possible très rapidement. Et ce sentiment de liberté ne s’évapore jamais, sauf lors de quelques missions dans des lieux clos.
La carte peut sembler vide de prime abord, notamment à cause du manque d’interaction avec le moindre élément de décor. Mais il ne faut pas longtemps avant que la richesse du jeu ne se dévoile. Missions annexes, défis, avis de recherche, découvertes et gestion de votre propre gang sont amplement suffisant pour vous occuper. Et puisqu’il vous faut de l’argent pour faire grimper votre empire, vous n’aurez pas toujours l’occasion de les esquiver.
Si la plupart des missions sont jouissives, notamment grâce à la conduite qui est un élément fort du jeu, certaines viendront ralentir l’action. Chaque phase de combat est d’une lourdeur indescriptible. On se croirait revenu 10 ans en arrière, mais avec une technique mal maîtrisée. Que ce soit avec ou sans l’aide à la visée, impossible de ressentir autre chose que de la frustration lors des affrontements. Et ce ne sont pas les QTE lors de certaines cinématiques qui viendront rajeunir la licence.
Semer le chaos pour mieux régner
Malgré ces quelques écueils, le gameplay de ce Saints Row reste globalement bon pour tout ce qui n’a pas trait au combat. Tout s’agence parfaitement autour du clan des Saints, de leur volonté de conquête de la ville, et de leurs moyen d’y parvenir. La Table de l’Empire est particulièrement remarquable pour tout ce qu’elle offre au joueur. Chaque nouveau bâtiment débloque de nouvelles missions, et de nouvelles manières de jouer. Que ce soit les missions disponibles via le téléphone ou les activités annexes visibles sur la carte, les manières de s’amuser ne manquent pas.
Avec le retour des missions de destruction, semer le chaos en ville dans un temps imparti donne un sentiment de puissance inégalé. Mais parfois, vous serez missionné pour aller rayer un camp d’un gang rival en les canardant ou en les écrasant. Vos amis peuvent vous demander de l’aide pour sécuriser un butin et le protéger de la police. Des fois, ces acolytes vous demanderont une escorte et il faudra assurer leur protection en surfant sur le toit d’une voiture pour dézinguer tous les poursuivants à vos trousses. Ce sont surtout des prétextes pour faire le tour de la ville, gagner de la réputation et de l’influence. C’est ce que faisait déjà ses prédécesseurs il y a 10 ans, et ça n’a pas vieilli.
Mais en réalité, la majorité des missions s’axent sur un point central du jeu : la conduite. Que ce soit pour rejoindre le point de rendez-vous, pour semer des ennemis ou simplement sentir l’asphalte brûler sous vos roues, on passe du temps sur la route. Certaines missions vont même jusqu’à exploiter cette fonctionnalité en défiant votre maîtrise du volant. Que ce soit en restant prudent lorsque vous transportez des déchets dangereux, ou en remorquant un container remplis de biens précieux.
Un sentiment de liberté total
S’il y avait bien un aspect du jeu à ne pas rater, c’était donc bien celui-là. Pourtant, en mettant les mains sur le volant pour la première fois, on se sent vite décontenancé. La voiture réagit avec une certaine rigidité, et les premiers virages deviendront vite des lieux d’accident. Mais au bout de quelques courses, on fini par s’y habituer. Il ne faut pas longtemps avant de devenir un as du pilotage. Les véhicules possèdent des caractéristiques qui leur sont propres que ce soit en terme de vitesse, résistance ou adhérence. Mais passer de l’un à l’autre n’est jamais un problème. On se laisserait bien happer par l’envie de rouler sur le bitume toute la sainte journée.
Les voies aériennes, elles, n’ont pas eu droit à un aussi bon traitement. Malgré la présence d’un hélicoptère fort sympathique à piloter, les fans de sensations fortes se tourneront plutôt vers le wingsuit. Mais ce dernier, bien qu’il soit particulièrement intéressant, n’est pas toujours évident à contrôler. Et les missions l’utilisant étant souvent chronométrées, le stress peut vite nous mener à faire n’importe quoi. Heureusement, la possibilité d’atterrir en fonçant sur une cible permet d’éviter de nombreux écueils, et de (trop) nombreuses morts.
Et malgré cela, le sentiment de liberté offert par les véhicules est bien présent. On se sent pousser des ailes en sautant d’un hélicoptère en vol, et devenir un biker confirmé quand on fait des roues arrières sur la route. Voler des voitures pour les ajouter à sa collection est grisant, tant il y en a à trouver. L’immensité de Santo Ileso n’a rien d’effrayant. Dompter cette ville est un défi que l’on relève sans même s’en rendre compte.
L’humour est la forme la plus saine de la lucidité
Mais ce reboot de Saints Row brille particulièrement dans un domaine, celui pour lequel il est connu, son écriture. Les titres précédents avaient mis un point d’honneur à être irrévérencieux, vulgaire, et souvent graveleux autour d’une histoire complètement loufoque. Ici, on retrouve le ton parodique de la série, un certain plaisir à envoyer les codes du genre se faire voir, tout en alignant une histoire cohérente et même parfois touchante. On se prend d’affection pour l’équipe au fil de l’aventure, même quand les scénaristes forcent sur la corde sensible.
C’est un mélange qui fonctionne parfaitement grâce à un choix radical : adapter son humour à l’époque. C’était le plus gros défi de la licence qui avait tendance à facilement montrer des hommes virils et musculeux, là où les femmes étaient ultra-sexualisées. On se retrouve avec des personnages hauts en couleur, qui ne correspondent pas aux clichés qu’on pourrait leur attribuer, et qui ne manque pas de piquant.
Malgré ses quelques années de retard en ce qui concerne son système de combat, Saints Row a su se mettre au goût du jour dans son écriture. Cela joue clairement en sa faveur, tout comme sa ville cohérente et pourtant remplie de personnages loufoques. Et même si rien n’est une réelle révolution dans ce jeu, se laisser happer par le chaos ambiant est véritablement plaisant. Espérons seulement que son IA soit remise à niveau afin de rester cohérente par rapport à l’ensemble.
Le bilan du test de Saints Row
Un jeu qui ne réinvente pas la roue mais sait parodier son genre sans trop en faire
Saints Row n’est pas le jeu de l’année, loin de là. Mais à part ses quelques défauts, c’est un défouloir jouissif où les nombreuses possibilités offrent du bon temps. Si les combats sont un point faible énorme pour ce reboot, il est clair que Volition a su adapter son humour aux valeurs actuelles. La parodie n’est pas un genre facile, mais Deep Silver maîtrise clairement l’exercice.
Les points forts
- L’écriture jongle parfaitement entre sérieux et humour
- La conduite est très agréable
- C’est rigolo de tout casser partout
- Le monde est immersif et prenant
- Une personnalisation très poussée qui offre de multiples possibilités
Les points faibles
- L’IA est beaucoup trop stupide pour ressentir un quelconque danger
- Les combats sont datés et ratés
- Quelques défauts techniques traînent encore