Test de Scars Above, la science à l’américaine
A quoi bon mener des recherches quand on peut se contenter de tuer tout ce qui bouge.
La science-fiction est l’occasion de mettre en place un univers basé sur les avancées technologiques tout en explorant un imaginaire parfois bien loin de ce que la science a réellement à offrir. Avec Scars Above, le studio serbe Mad Head Games s’offre une virée dans ce genre pour explorer le premier contact. Un thème maintes fois exploré et qui semble avoir du mal à se défaire de ses vieux démons.
Ce test de Scars Above a été réalisé sur PC avec une clé fournie par l’éditeur.
Que ce soit en roman, au cinéma ou en jeu vidéo, il est toujours aussi frustrant de se heurter au manque d’imagination d’un scénariste. Et quand le premier réflexe de ce dernier est de rendre la faune de son nouveau monde agressive, ses scientifiques inaptes à analyser un être vivant sans l’abattre au préalable ou incapables de prendre une décision sensée, on sait qu’il y a peu d’espoir pour que le reste tienne la route. Pourtant, Scars Above arrive à poser des questions pertinentes et montrer un univers réfléchi, mais peine à rendre le tout attractif ou même intéressant.
Des scientifiques qui tirent plus vite que leur ombre
Jeu d’action-aventure, l’accent est mis dès le début sur ce qui va être le cœur de l’histoire : l’extermination de masse. Parce qu’évidemment, quand une équipe de scientifiques débarquent sur un habitat inexploré, la première chose à faire, c’est de sortir son arme. Bienvenue dans une aventure pas très palpitante, linéaire au possible, et qui donnerait presque envie de faire une bonne nuit de sommeil. Bref, une épopée aux antipodes de la complexité qui nous est vendue dans la communication du titre.
Kate, l’héroïne incarnée par le joueur, n’utilise que trop peu ses connaissances pour progresser. Comment prendre au sérieux une scientifique dont la plus brillante idée est d’user d’un canon à arcs électriques pour augmenter la puissance de son vaisseau en tirant directement dans son moteur. Elle ne s’en sort guère mieux sur l’exoplanète où elle se retrouve plongée. Ses rares questionnements concernant ce monde étant souvent superficiels, en plus de n’être motivés que par la volonté de retrouver son équipe. Et ce n’est pas en justifiant cet apprentissage par des cubes magiques capables d’imprimer des connaissances dans l’esprit trouvés sur le bord de la route que la pilule finit par passer.
Les bases sont pourtant intéressantes, laissant rapidement comprendre que tout ce qui vit serait en où l’on apprend rapidement que tout ce qui vit ici serait en fait artificiel. Mais le jeu n’en fait pas grand chose de ces révélations. Il préfère laisser planer le suspens jusqu’au bout afin de ne pas montrer qu’un post-it suffirait à y faire tenir son scénario. Tout cela n’a rien de glorieux, et impacte malgré lui le monde autour qui, s’il est loin d’être parfait, rappellera sans mal les univers de Giger et Lovecraft.
Un univers de possibilités mal exploitées
Car on ne peut pas dire que Scars Above n’a pas su user de ses sources d’inspirations. Il manque parfois d’originalité sur la manière dont il représente ses monstres, son exoplanète ou ses extraterrestres, mais rien qui ne soit répulsif en soit. Un lieu mélangeant vie organique et technologie, des excroissances qui donnent vie à de hideuses créatures, des monolithes à la géométrie parfaite, toutes les clés sont là pour donner de l’âme à cette histoire qui peine à avancer. Mais comme pour cette dernière, l’exploitation de l’univers est laborieuse, et le level design ne lui rend pas hommage.
Un monde ouvert n’est clairement pas une bonne idée, surtout quand on ne sait pas quoi y mettre dedans. Mais un long couloir peut vite devenir ennuyeux quand il n’y a rien d’autre à faire qu’avancer pour progresser. Mad Head Games tombe en plein dedans, proposant uniquement des sorties de route pour trouver des cubes de savoir. On avance d’un point de quête à un autre, avec pour seule pause des points de sauvegarde matérialisés par des piliers. Les corridors sont étriqués, les zones destinées au combat prévisibles, les murs invisibles trop présents et finalement, tous les monstres de cet environnements ne deviennent qu’un prétexte pour étoffer le gameplay.
C’est d’ailleurs à ce niveau que le jeu s’en sort le mieux. Lorsqu’il s’agit de mélanger progression narrative et mécaniques de jeu, il se permet d’exploiter pleinement son univers. On se retrouve ainsi à analyser des spécimens de la faune et de la flore locale pour développer un arsenal élémentaire. Électricité, feu, glace et acide sont de la partie avec des canons spécialement conçus pour l’occasion. De nombreuses énigmes et passages exploitent pleinement ces 4 armes, en plus de proposer des monstres ayant des affinités plus ou moins élevées avec ces éléments.
Un équipement de commando
Mieux encore, plus l’aventure avance, plus les capacités des armes se développent pour nous permettre d’interagir avec le terrain pendant les combats. En plus d’étoffer un gameplay fonctionnel mais trop sage, cela offre de nouvelles stratégies pour avancer plus sereinement sur ces terres. On peut s’amuser à faire fondre la glace sous les ennemis pour qu’ils tombent dedans, attirer les créatures à un point précis avec un leurre holographique avant de leur jeter une bombe que l’on explosera avec VERA, le canon électrique, pour tous les toucher en même temps.
A noter que, si Kate est un personnage particulièrement rigide à manier, elle possède tout de même un panel plutôt conséquent pour se défendre. Bouclier réflecteur, capsule de soin, antipoison ou encore machette s’ajoutent à ces armes pour un confort optimal. Tout cela peut être augmenté au fil de l’aventure grâce à des points de talents, lesquels sont obtenus à force de recherches scientifiques. C’est à cela que servent les cubes de savoir, mais également les nombreuses analyses menées lors de la découverte d’une nouvelle créature ou d’une nouvelle plante.
Malheureusement, le tout a beaucoup de mal à prendre. Si l’on veut bien concéder que la progression intradiégétique est particulièrement réussie, faire de l’héroïne une scientifique et tout miser dessus est bien loin d’être convaincant. En résulte un jeu qui peine à développer ses propos dans un univers qui n’a pas à rougir face à ses aînés, mais sans jamais arriver à en tirer pleinement profit pour sortir du lot.
Le bilan du test de Scars Above
Un long couloir où rien ne donne envie d’avancer
Scars Above est une œuvre de science-fiction qui baigne dans les travers du genre. Malgré un univers et un bestiaire bien travaillés, leur exploitation est si minime qu’il peine à relever le niveau. Sans compter un scénario d’une rare fainéantise, qui se contente de demander à une scientifique plongée en terre inconnue de créer des armes et massacrer tout ce qui bouge. Et ce n’est malheureusement pas son gameplay ou son level design qui viendront relever le niveau.
Les points forts
- Un univers riche et détaillé…
- Des nombreuses stratégies de combat
Les points faibles
- … qui n’est pas exploité
- Un level design fainéant et étriqué
- La science reléguée au second plan
- Le gameplay rigide peine à convaincre