Test d’Oxenfree 2 : Lost Signals, quand le passé revient nous hanter
Une aventure où les questionnements de l'âge adulte se frottent aux fantômes du passé.
En 2016, Night School Studio surprenait tout le monde avec Oxenfree, une aventure portée par des dialogues rythmés qui venait donner un coup de jeune au genre narratif. Sept ans plus tard, le studio revient avec Oxenfree 2 : Lost Signals. Une suite qui s’appuie pleinement sur les bases posées par son prédécesseur. Mais cette fois, le titre nous fait quitter le monde de l’adolescence pour entrer dans l’âge adulte. Et nous confronter aux questionnements qui vont avec.
Article réalisé avec une clé Steam fournie par l’éditeur.
Les ondes prennent le contrôle
L’aventure d’Oxenfree 2 prend place cinq ans après les événements du premier opus, dans la petite ville de Camena. On y suit Riley Poverly, une jeune femme qui revient à contre cœur dans sa ville natale après avoir été embauchée pour enquêter sur d’étranges phénomènes. Les ondes électromagnétiques semblent partir complètement en vrille. Au point que les télés s’allument et s’éteignent toutes seules et que les signaux de circulation aérienne en soient grandement perturbés.
Accompagnée de Jacob, nouveau collègue et ancien camarade de lycée, Riley va donc devoir arpenter les environs pour lever le mystère sur les signaux radioélectriques qui ébranlent la tranquillité de la petite ville côtière. Le boulot est à priori simple. Poser des émetteurs radio à plusieurs endroits pour recueillir un maximum de données. Sauf que les choses vont rapidement déraper. Riley et Jacob vont se retrouver confronter à de nombreuses manifestations paranormales qui vont, peu à peu, modifier leur réalité.
Il faut dire que Camena se trouve juste à quelques encablures de l’île Edwards. Là où tout a basculé 5 ans auparavant. Une jeune adolescente, prénommée Alex, et ses amis y avaient ouvert par accident un portail, créant par la même occasion une faille temporelle. Aujourd’hui, d’autres adolescents cachés derrière une pseudo secte appelée Ascendance cherchent à reproduire le même phénomène. Et il va falloir mettre rapidement fin à cette expérience, sous peine de voir le futur de tout Camena disparaître.
Une écoute attentive
Comme son prédécesseur, Oxenfree 2 prend la forme d’un walking simulator saupoudré de petits énigmes à résoudre et de dialogues. Beaucoup de dialogues. Un rythme qui oblige à rester attentif à tout ce qui se raconte, sous peine de répondre à côté de la plaque. Ou pire, rater des éléments qui permettent de comprendre le déroulé de l’histoire. D’autant plus que le doublage, très bon au demeurant, n’est disponible qu’en anglais. Il est donc primordial de bien suivre les sous-titres, disponibles en français, si l’on veut pouvoir façonner notre aventure comme on l’entend.
Même si en réalité, ce sont plutôt les relations de Riley avec les autres personnages qui se trouvent impactées. Car si chacun de nos déplacements est bien ponctué de dialogues à choix multiples, ces derniers n’influencent en réalité que très peu le déroulé du jeu. En revanche, ils permettent de nouer de véritables amitiés ou au contraire, de se mettre certains personnages secondaires à dos.
On regrette cependant que plusieurs d’entre elles manquent de profondeur. Les échanges avec Jacob laissent la possibilité de créer un véritable rapprochement. En revanche, ceux avec la plupart des autres personnages restent anecdotiques. Comme avec Nick, ancien pêcheur avec qui on pourra choisir ou non de discuter via le talkie-walkie. Aussi sympathique soit-il, l’intérêt des discussions sera assez réduit, n’apportant que peu au cœur de l’histoire.
On se retrouve ainsi à croiser plusieurs personnages sans parvenir à avoir un quelconque attachement à eux. Et c’est en ça que Lost Signals se différencie le plus de son prédécesseur. Oxenfree nous présentait une bande d’ados qu’on apprenait à connaître et surtout qu’on finissait par prendre d’affection. Ici, hormis pour nos deux personnages principaux que sont Riley et Jacob, l’étincelle prend difficilement. Le fait qu’une grande partie des échanges se fasse uniquement en talkie-walkie contribue sans doute à ce détachement émotionnel.
Une ambiance qui fait mouche
Un constat frustrant, d’autant plus qu’en parallèle le titre sait nous plonger dans l’ambiance mystérieuse et parfois oppressante de Camena et ses environs. La direction artistique toujours aussi belle a su s’étoffer de quelques effets visuels supplémentaires. Comme par exemple la présence de brume ou des arbres légèrement balancés par le vent. Des améliorations subtiles mais suffisantes pour rendre les scènes un peu plus vivantes et nous immerger dans l’univers. On déplore par contre la présence de temps de chargement un peu trop longs qui ont tendance à casser le rythme de l’exploration. Présents à chaque changement de zone, ils interrompent d’ailleurs souvent des dialogues entre les personnages présents.
L’ambiance sonore, quant à elle, apporte ce qu’il faut de tension pour faire ressentir l’urgence à chaque fois que nécessaire pour l’histoire. En plus de la musique, les sons provenant de la petite radio que l’on porte en permanence renforce le mystère ambiant. Il faudra d’ailleurs user régulièrement de cette radio pour débloquer des situations en jouant avec les différentes fréquences. Tout comme dans le premier titre de la série.
La narration, sur fond de thriller narratif mêlé de paranormal, distille tout au long du jeu les questionnements que l’on peut avoir une fois adulte. Riley, mais aussi Jacob, nous exposent petit à petit leurs fêlures, leurs doutes. Qu’il s’agisse de la peur de reproduire les erreurs de ses parents, l’impression de ne rien réussir de bien ou encore de ne rien faire d’assez mémorable pour laisser quelque chose derrière soi. Lost Signals montre que l’âge adulte n’est pas dispensé de ses doutes et de ses regrets. Tout en rappelant qu’il n’est pas trop tard pour changer les choses.
Concernant le danger qui plane sur Camena, le lien avec l’aventure vécue par Alex et ses amis est évident. Oxenfree 2 est pensé pour être apprécié sans avoir touché à son prédécesseur. Mais son histoire s’inscrit pleinement dans la continuité du premier opus. Si bien que, sans être nécessaire, se plonger dans Oxenfree avant de se lancer dans sa suite apportera plus de contexte à notre aventure.
Le bilan du test de Oxenfree 2 : Lost Signals
Oxenfree 2 : Lost Signals suit en grande partie les traces de son prédécesseur. On y retrouve l’ambiance mystérieuse portée notamment par une direction artistique toujours aussi recherchée. Ou encore la narration toute en nuance qui donne envie de connaître le fin mot de l’histoire. En revanche, hormis pour le tandem formé par Riley et Jacob, l’attachement pour les personnages n’est pas à la hauteur de celui ressenti pour Alex et sa bande. Un petit manque qui n’entache pas pour autant l’aventure de Lost Signals. On vous conseille toutefois de vous essayer au premier titre avant de débuter celui-ci.
Les points forts
- Une histoire captivante jusqu’au bout
- Le doublage excellents…
- Une écriture pleine de maturité mais qui n’en fait pas trop
- Une direction artistique soignée
- L’ambiance sonore marquante
Les points faibles
- Des temps de chargements trop longs
- …mais uniquement en anglais
- Des personnages secondaires parfois anecdotiques