Unity ajoute une taxe à l’installation et provoque la colère des studios
Les économies réalisées par le licenciement massif ne semblent pas être suffisants.
Le moteur de jeu Unity, utilisé à travers le monde par tout type de développeurs, va voir ses coûts augmenter. Une annonce qui pourrait ne pas être si dramatique, si le résultat n’était pas la mise en danger de tous les studios indépendants. Unity a ainsi annoncé l’ajout d’une taxe à l’installation à partir du 1er janvier 2024, ce qui n’a pas plu à grand monde. Un an après s’être séparé de 4% de ses effectifs, la nouvelle a beaucoup de mal à passer puisque cela rajouterait des coûts énormes, forçant l’entreprise à entrer dans une communication de crise.
Dans son communiqué, Unity Technologie précise que certains seuils doivent être atteints avant que cette taxe ne s’applique. Ces frais sont comptés pour chaque installation, et non pas par tranche. Les studios ayant adopté la formule Personal et Plus doivent avoir vendus 200 000 unités et généré 200 000$ dans les 12 derniers mois. Du côté des formules Pro et Entreprise, c’est 1 million de téléchargement et de dollars qu’il faut. Un montant qui, mine de rien, n’est pas toujours évident à décrocher.
Taux appliqués aux régions installées (Amérique du Nord, Europe…)
Installations par mois | Unity Personal et Plus | Unity Pro | Unity Entreprise |
1 à 100 000 | 0,20$ | 0,15$ | 0,125$ |
100 001 à 500 000 | 0,20$ | 0,075$ | 0,06$ |
500 001 à 1 000 000 | 0,20$ | 0,03$ | 0,02$ |
1 000 000 et plus | 0,20$ | 0,02$ | 0,01$ |
Taux appliqués aux régions émergentes (Inde, Chine…)
Installations par mois | Unity Personal et Plus | Unity Pro | Unity Entreprise |
1 et plus | 0,02$ | 0,01$ | 0,005$ |
Les coûts ne semblent, en soit, pas très élevés, mais s’ajoutent aux autres charges déjà présents. On peut ainsi évoquer que selon le magasin, 12 à 30% des revenus sont à supprimer, la licence pour utiliser Unity n’est pas gratuite, et le studio doit également payer employés, serveurs et entretien pour son jeu. Des titres faciles d’accès risquent donc vite de se retrouver sans un sous.
La colère des développeurs
Évidemment, cette annonce est très mal passée auprès des développeurs, et notamment des studios indépendants. Aggro Crab Games (Another Crab’s Treasure, Going Under…), Innersloth (Among Us) ou encore Massive Monster (Never Give Up, Cult of the Lamb…) ont communiqué à ce sujet. Tous demandent à ce que cette décision soit revue, tout en évoquant un changement de moteur dans le cas contraire. C’est le studio derrière Cult of the Lamb qui explique le mieux en quoi cela impactera grandement et négativement l’industrie.
« Alors, quel est l’impact sur nous ? Eh bien, nous avons de futurs projets en préparation qui devaient initialement être développés avec Unity.
Massive Monster, communiqué via X
Ce changement entraînerait des retards importants puisque notre équipe devrait acquérir de toutes nouvelles compétences. »
Passer de Unity à autre moteur de jeu n’est pas si facile, cela demande des années de travail, et pour les projets déjà en cours de développement c’est inenvisageable. Des jeux comme Duke Nukem Forever en ont déjà fait les frais. Mais on peut également citer DOFUS, dont le portage a commencé en 2020, et ne sera pas disponible avant 2024. Tout le monde ne peut pas se permettre de changer de moteur quand bon lui semble.
Et cela va forcément se ressentir aussi pour les joueurs. Les développeurs devront trouver des moyens de rentabiliser leur jeu en essuyant les pertes de la taxe instaurée par Unity. On peut ainsi s’attendre à une hausse des prix du côté des indépendants, mais aussi voir des modèles économiques basés sur les microtransactions se multiplier dans ces projets. Des jeux comme Genshin Impact ou Hearthstone, développés par des studios imposants, ne devraient donc pas trop souffrir de cela, a contrario de jeux plus discrets.
Unity veut récupérer sa part du gâteau
En plus de son annonce d’une nouvelle taxe, Unity Technologies répond à de nombreuses questions sur son forum. Avec cela, les intentions de l’entreprise s’éclaircissent et ses décisions sont, pour certaines, ridicules. Chaque installation d’un jeu sera compté pour le studio. Même si cela implique qu’une même personne ait installé le jeu à de multiples reprises. Les versions Early Access, Bêta et même démos seront comptabilisés dans ces installations. Un choix idiot qui va pousser de plus en plus d’éditeurs à éviter d’en proposer.
Pire encore, Unity se vante d’être capable de détecter des versions piratées de leurs logiciels de publicité. Mais aucun outil pour les développeurs n’a encore été développé. Tant que ce dernier ne sera pas au point, les versions piratées seront donc ajoutés à la taxe. D’un autre côté, et après un manque de précision flagrant, il a été précisé que les jeux installés depuis le Game Pass seront à la charge de Microsoft. Il aura tout de même fallu attendre que des voix s’élèvent avant que l’on apprenne cela. Mais cela risque vite de se retourner contre eux. Le géant américain peut décider de proposer moins de titres dans son abonnement pour limiter les coûts.
Quand à ce qui est des comptes, c’est Unity eux-mêmes qui s’en chargeront. Affirmant posséder les outils pour traquer à la trace le nombre de copies en circulation, tout cela reste assez flou. Les développeurs ne pourront jamais savoir exactement où ils en sont, ni même si l’entreprise ne cherche pas à leur faire cracher quelques dollars supplémentaires. Avec tout cela, Unity s’est mis à dos la majorité de l’industrie et va en payer les frais. L’avenir des studios mis en danger par cette annonce est incertain, et on espère qu’aucun n’aura de destin tragique si ce changement est adopté.