Notre test de 12 Minutes, le thriller qui remonte le temps

Un casting cinq étoiles, un thriller dans le salon, et une boucle infernale.

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Dire que les attentes autour de 12 Minutes étaient élevées relèvent de l’euphémisme. Ce thriller claustrophobique et interactif attire les regards depuis bien longtemps. Certainement grâce à son casting hollywoodien, et au label Annapurna Interactive (Outer Wilds, What Remains of Edith Finch) qui l’héberge. Sans oublier qu’il s’agit d’un ambitieux projet de Luis Antonio, qui avait travaillé sur l’excellent The Witness avant de se concentrer sur sa première aventure en solo. Ou simplement par son intrigant concept de boucle temporelle pour raconter une histoire. Il est donc l’heure du test de 12 Minutes, pour voir s’il mérite votre temps.

Ce test de 12 Minutes a été réalisé sur Xbox Series X, à l’aide du Game Pass

Après une longue journée de travail, un homme (James McAvoy) entre tranquillement chez lui. Il retrouve son modeste appartement et sa femme (Daisy Ridley). Tout sourire, elle a préparé une petite surprise autour de son dessert favori. L’occasion d’annoncer un heureux événement qui approche. Un petit quotidien tranquille, qui ne demande qu’à s’effriter.

test-12-minutes-appartement-vie-famille — *La pièce principale de l’appartement dans 12 Minutes*

Car dehors, tout s’agite. L’orage commence à gronder, lui que personne n’attendait. Au bout de quelques minutes, un inconnu (Willem Dafoe) frappe frénétiquement à la porte. Il s’annonce comme un policier, mais sa voix ne laisse présager rien de bon. Ses intentions ne sont clairement pas amicales. Une fois rentré, tout dégénère rapidement. Le mari est à terre, à plat ventre sur son parquet. La femme subit instantanément le même sort, mais elle est prise à parti par l’inconnu. Il l’accuse du meurtre de son père. Pourquoi est-il si virulent, alors qu’il se dit policier ? Pourquoi devient-il si violent devant votre lenteur ? Pour quelle raison pose-t-il ses genoux sur le dos du mari, et se met à l’étrangler ? Tant de questions qui demeureront sans réponses. Les supplications du couple n’auront aucun effet sur l’étranger, qui met fin aux jours du conjoint.

Le dessert de la marmotte

Sauf qu’à la mort du mari, qui sera ici le personnage jouable du titre, tout recommence. La petite soirée romantique, la joie de vivre de la femme, à l’opposé de l’incrédulité d’un homme qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Qu’est-ce qui s’est passé ? Où est le fou qui l’étranglait il y a quelques secondes à peine ? Est-ce que tout va se répéter en boucle ? Voila le cadre posé par 12 Minutes.

Ce thriller à huis clos se déroule ainsi dans ce petit appartement, composé d’un salon, d’une chambre, d’une salle de bains, et d’un minuscule placard. Impossible d’en sortir, et impossible évidemment d’échapper à la furie du policier qui viendra implacablement dans sa quête de réponses. Pire encore, les secours n’arriveront jamais à temps, et l’agresseur est bien trop fort pour être maîtrisé à mains nues.

Il faudra donc mener l’enquête à la main. Chercher des indices dans ces éléments du quotidien qui remplissent votre espace de vie pour espérer arrêter cette boucle infernale. Le titre reprend alors les codes du point and click, vous demandant de tout chercher minutieusement dans l’espoir de récolter une pièce du puzzle. Ainsi, vous progresserez de boucle en boucle, débloquant de nouveaux échanges avec les personnages, pour comprendre petit à petit cette sombre histoire.

12-minutes-quotidien — *Heureusement, pas besoin de prof pour assimiler les mécaniques du jeu*

Piégé dans sa propre boucle

Une formule maîtrisée, qui va vous encourager à toujours en découvrir un peu plus sur un scénario que l’on se gardera évidemment d’aborder plus en détails. Les codes des genres, que ce soit le thriller ou le point and click, sont assimilés, et si la vision proposée peut manquer de folie, elle reste prenante.

Néanmoins, le titre n’échappe pas à des défauts majeurs, qui feront principalement leur apparition dans le dernier quart de votre courte progression – comptez environ 4 heures pour arriver à l’épilogue. En premier lieu des erreurs techniques qui se répèteront de boucle en boucle. Collisions approximatives entre les personnages, dialogues incohérents entre deux interactions ou réactions totalement illogiques seront parfois frustrantes et réduiront à néant vos efforts. Cela ne va jamais assez loin pour vous sortir de l’immersion, mais juste assez pour vous frustrer au départ de la prochaine boucle.

C’est surtout cette structure narrative à base de boucles qui posera problèmes, et encore plus quand vous approcherez du dénouement final. Quand il faudra trouver la juste combinaison de dialogues et d’objets pour avancer et trouver ce point d’information crucial pour débloquer le prochain dialogue. Sauf que si vous ratez, faites le mauvais choix, ou simplement laissez passer votre timing, il faudra recommencer à la prochaine boucle. Un système à la base du jeu, mais qui génèrera forcément de la frustration.

Car le reste des reproches que l’on peut faire au titre sont inhérents aux genres qu’il explore. Un point and click restera toujours lent et redondant aux yeux de certains, vous demandant de repasser plusieurs fois sur les mêmes points pour tout saisir. Même si l’on regrettera tout de même ce scénario qui ne laisse que peu de place aux acteurs pour s’exprimer, hormis un Willem Dafoe qui brille toujours quand on lui demande d’incarner un personnage dérangeant.

Le bilan du test

Un jeu prisonnier de sa formule

Coincé entre deux concepts, 12 Minutes ne parvient pas à faire entièrement cohabiter le thriller et le point and click. Mais d’un scénario banal et déjà-vu, le titre parvient à créer une histoire prenante, où l’on progresse avec entrain pour savoir ce qui se cachera à la prochaine boucle. Sauf que ses limitations, que ce soit techniques ou auto-imposées, apportent leur lot de frustration. Une expérience à part, mais qui laisse un goût d’inachevé et que l’on aurait aimé plus belle.