La grève continue pour les membres de la SAG-AFTRA

Lancée en juillet dernier, la grève des membres de la SAG-AFTRA continue encore en ce début d’année. En cause, l’absence d’accord trouvé entre les artistes et leurs sociétés qui les emploient. Ce n’est pourtant pas faute de chercher des solutions. Mais les protections offertes contre l’utilisation de l’IA sont insuffisantes aux yeux de la SAG-AFTRA.

« Bien que des progrès aient été réalisés et que des accords aient été conclus sur certaines dispositions depuis le lancement de notre grève l’année dernière, la dernière proposition faite par le groupe de négociation est toujours remplie de lacunes alarmantes qui laisseront nos membres vulnérables aux abus de l’IA. »

Duncan Crabtree-Ireland et Sarah Elmaleh

Pour continuer de protéger ces acteurs de l’industrie, la SAG-AFTRA a donc décidé de poursuivre sa grève. En cause, une proposition que l’industrie ne semble pas vouloir lâcher, celle de pouvoir profiter librement d’une voix pour entraîner un IA et ne jamais avoir à payer cette personne par la suite. Autant dire que cela signerait rapidement la mort du métier. Surtout que cela s’accompagne d’une clause qui permettrait à l’entreprise d’utiliser ces voix sans avoir à en informer leurs propriétaires.

Mais cette grève n’est pas une totale menace pour ceux qui font les jeux. Certains acteurs, encore non syndiqués, sont appelés par ces derniers pour remplacer les grévistes. Quitte à ne pas les prévenir en amont et les laisser découvrir ces changements au dernier moment. Bien sûr, la SAG-AFTRA n’a rien contre ces comédiens qui veulent gagner leur vie. Mais ils les mettent en garde contre ce qui risque de leur arriver.

Et si c’était déjà trop tard ?

Deux comédiens de Zenless Zone Zero ont d’ailleurs fait les frais de ce remplacement. A l’occasion de sa dernière mise à jour, les personnages de Soldat 11 et Lycaon ont vu leur voix changer en anglais. Les acteurs Emeri Chase et Nicholas Thurkettle ont purement et simplement été sortis du projet. La première refusait de continuer son rôle tant que la grève de la SAG-AFTRA continuait, mais le second n’était même pas syndiqué.

Sound Cadence Studios, le société responsable du doublage, a expliqué son choix sur les réseaux. Selon eux, ce changement n’a aucun lien avec la prise de position de ces deux comédiens sur l’IA. Seulement, il était nécessaire qu’un nouveau casting soit fait pour d’autres raisons. Lesquelles ne sont pas communiquées. Et il leur était impossible de prévenir ces deux comédiens en avance.

« La décision de redistribuer des rôles sur un projet n’est pas prise à la légère. Même si nous sommes parfois limités quant à ce que nous pouvons communiquer et au moment opportun, nous comprenons l’implication personnel des acteurs pour leurs rôles et tenons à ce que personne ne soit pris au dépourvu. »

Sound Cadence Studios sur X (Twitter)

Une affirmation qui semble pourtant aller à l’encontre des dires de Nicholas Thurkettle, le comédien derrière Lycaon. Celui-ci expliquant ne pas faire partie d’un quelconque syndicat, mais étant inquiet pour son avenir face à l’IA. Et malheureusement, les comédiens de doublage ne sont pas les seuls à subir ce sort.

Artistes en danger

Si la SAG-AFTRA se bat pour les droits des comédiens, d’autres domaines sont touchés. Les artistes, quels qu’ils soient, doivent maintenant faire face à des IA moins coûteuses et plus rapides. A de nombreuses reprises, et même encore très récemment, Activision a partagé et mis en avant des œuvres créées par des IA génératives. De plus en plus d’éditeurs cherchent notamment à exploiter cela pour limiter les coûts.

Square Enix en faisait d’ailleurs son nouveau cheval de bataille en 2024, après les NFT. Mais si cette entreprise l’a avoué publiquement, bien d’autres l’utilisent plus discrètement. A tel point que certains fans ne savent plus vraiment sur quel pied danser.

C’est notamment le cas pour Localthunk et Playstack qui se sont exprimés publiquement sur le sujet. Après qu’un modérateur du reddit de Balatro ait autorisé les images générées par IA, le développeur et l’éditeur du jeu se sont rapidement retrouvés dans la tourmente. Ils ont alors éclairci les choses, expliquant qu’ils ne cautionnent pas l’art créé par des machines.