Notre test de Cris Tales, un JRPG mal exploité
Accompagnez Crisbell et ses amis dans une aventure temporelle unique pour sauver le royaume de Crystallis de l’Impératrice du Temps.
Annoncé en 2019 comme un hommage aux classiques du JRPG, le premier jeu de Dreams Uncorporated a su attirer les curieux. Que ce soit par sa direction artistique atypique ou son gameplay intriguant, Cris Tales a su se démarquer lors de ce test. Pourtant, c’est un sentiment de gâchis qui finit par nous gagner au fil des heures passées dans ce monde.
Ce test de Cris Tales a été réalisé sur PC avec une clé fournie par l’éditeur.
Afin d’empêcher l’Impératrice du Temps de dominer le monde, l’héroïne et mage du Temps Crisbell s’allie à Cristopher et Willhelm. Elle n’aura alors de cesse d’utiliser ses pouvoirs temporels pour visiter passé et futur et mener à bien sa mission. Et dans un monde au bord de la guerre, où les conflits politiques règnent, son pouvoir peut l’aider à améliorer le futur. Malheureusement, il suffit de quelques heures pour faire le tour de cette partie du gameplay.
Jouer avec le temps sans le maîtriser
Le cœur du gameplay de Cris Tales repose sur le voyage temporel et la capacité de Crisbell à pouvoir suivre passé, présent et futur simultanément. Cela s’exprime avec un écran séparé en 3 lors de l’exploration, et avec la possibilité de renvoyer les ennemis dans le passé ou le futur en combat. La dimension stratégique du titre s’étoffe grandement, avec de nombreux combos possibles. On peut ainsi mouiller un adversaire avec Cristopher dans le présent avant de l’envoyer dans le futur grâce à Crisbell, et ainsi provoquer la rouille sur son armure pour lui faire perdre en défense.
Lors de l’exploration, cela permet, à l’aide de la grenouille Matias, de trouver des trésors ou des objets de quête. Mais c’est également l’occasion de voir le futur de chaque cité afin d’aider les habitants dans le besoin. Certaines énigmes demandent aussi de jouer sur les différentes temporalités pour avancer. On peut ainsi se retrouver à planter une graine dans le passé afin d’obtenir un arbre fruitier ou de quoi escalader un mur dans le présent.
Malheureusement, toutes ces bonnes idées se dévoilent dès les 4 premières heures de jeu, ce qui est un peu problématique quand le jeu dure en moyenne une trentaine d’heures. Le plaisir de la découverte est donc assez court, les explorations demandant souvent de faire appel aux mêmes mécaniques. Et si le combat offre un panel de compétences suffisamment large, il est difficile de découvrir de nouvelles combinaisons explosives.
Un univers coloré, riche et unique…
C’est d’ailleurs l’occasion de découvrir tout un univers coloré et resplendissant, qui profite d’une direction artistique unique. Cris Tales mélange 2D et 3D, avec des personnages en feuilles de papier posés dans des décors avec différents niveaux de profondeur. Son style épuré et ses couleurs vives le font ressembler à un immense vitrail dans lequel on se déplace d’œuvre en œuvre pour contempler les contes de Crisbell. Et avec une musique si enivrante, difficile de ne pas s’arrêter quelques instants pour découvrir chaque lieu en se laissant guider par les différentes mélodies.
Mais si le jeu se démarque grandement par son aspect visuel, l’écriture et la narration ne sont pas en reste. Malgré un scénario quelque peu classique aux premiers abords, la complexité de l’univers de Cris Tales se dévoile au fil de l’aventure. Et les personnages nous incitent à en apprendre plus sur cet univers tant ils sont maîtrisés et juste dans leurs propos. Difficile alors de ne pas s’attacher aux protagonistes ou même aux individus que l’on croise sur notre route.
… Gâché par une technique pas toujours maîtrisée
L’univers singulier de Cris Tales a donc de quoi charmer, mais on se retrouve souvent face à quelques petits inconvénients qui viennent entacher l’expérience de jeu. Muni d’un doublage intégral en anglais, il n’est pas rare de tomber sur des dialogues, objets ou descriptions non traduits pour la version française. Ce n’est cependant pas le seul mal dont souffre le jeu, surtout lorsque l’on en vient à la technique.
Dans un univers aussi vaste, l’exploration et l’aventure sont des éléments essentiels, et Cris Tales n’en manque pas. Voguant de tableau en tableau, on change régulièrement de décor pour découvrir un nouveau lieu. Pourtant, avec des temps de chargement de 15 à 20 secondes entre chacun de ces tableaux, ou au lancement de n’importe quel combat, une partie du jeu se trouve sur cet écran de pause. Ce qui a de quoi être déplaisant avec la blancheur éclatante de ce temps mort.
En ajoutant à cela des baisses régulières et drastiques dans les IPS, le jeu semble souvent terminé à la va-vite. L’immersion est brisée très rapidement, ce qui ne donne pas envie de spécialement s’impliquer dans cette aventure. Les quelques mécaniques intéressantes sont rapidement redondantes, voire surutilisées. Si les intentions sont bonnes et prometteuses, on sent que Cris Tales n’exploite pas au mieux son concept et ses idées de gameplay.
Le bilan du test
C’est un soufflé qui retombe
Avec un univers coloré mélangeant 2D et 3D, Cris Tales est un JRPG ambitieux qui rend hommage au genre. On y retrouve nombre de ses influences dans les divers aspects du jeu, mais bénéficiant de quelques retouches et personnalisations. Le gameplay s’essouffle assez rapidement malgré une idée de départ très intéressante et maîtrisée, et les quelques défauts ruinent facilement l’immersion.
Les points forts
- Une idée de base prometteuse…
- Une direction artistique à couper le souffle
- L’écriture a bénéficié d’un soin notable
- Les personnages sont attachants et sincères
Les points faibles
- … Qui tombe rapidement à l’eau
- Le gameplay n’évolue que très peu
- Des problèmes techniques qui gâchent l’expérience