DOFUS KTA : Interview complète de Shax et Midl
En complément à notre dossier autour de la dernière LAN Dofus, Shax et Midl, codirigeants de SMIZ, ont répondu aux questions de la rédaction.
Après une grande LAN Dofus fin novembre, les deux co-gérants de SMIZ, Shax et Midl, reviennent sur l’événement et l’actualité du KTA. Que vous soyez joueur PvP ou non, découvrez leurs réponses aux questions de la rédaction !
DOFUS KTA : Interview complète de Shax et Midl après la LAN
Cet article est un « tie-in » pour notre dossier autour de l’esport Dofus et du KTA en 2021. Il rassemble exhaustivement les informations données par Midl et Shax. Nous le conseillons plutôt aux lecteurs avertis. Dans tous les cas, un résumé est apporté ici.
Remise en contexte
- Le KTA est fondé en 2018
- Midl et Shax sont les co-responsables de SMIZ, structure gérant le KTA.
- Ankama est un partenaire de SMIZ, mais ne gère pas le KTA.
- Le KTA propose des tournois et ligues PvP pour Dofus régulièrement.
- Le dernier gros événement proposé était une LAN réunissant le Nozathon ainsi que la finale des Dofus Masters, une compétition très haut-niveau de conclusion de la saison PvP en cours.
I. Présentations
Pour reprendre depuis le début, j’ai commencé le jeu en 2007.
J’ai fait du PvP au fil de mon aventure sur Dofus, depuis peut-être
2012. D’abord en tant que joueur, puis organisateur notamment sur
le serveur Rykke-Errel avec les Survivors. J’ai été en contact avec
Powena avec qui j’ai co-organisé le Tournoi des Nations en 2017.
C’était mon premier gros événement co-organisé et en partenariat
avec Ankama.
Durant cette même période, Midl a eu l’idée du KTA. Si Powena
n’était pas disponible pour participer, il m’a recommandé et je
suis donc arrivé aux côtés de Midl début 2018 pour lancer la
structure. On a ainsi lancé la boîte ensemble, avec quelques autres
joueurs. Aujourd’hui, nous sommes les 2 co-gérants du projet, à ses
débuts une association et maintenant l’entreprise SMIZ, en liens
étroits avec Ankama pour l’aspect Esport Dofus.
Cette question est de plus en plus difficile au fil du temps ! Je suis Midl, co-gérant de SMIZ, s’occupant du KTA (Krosmoz Tournament Arena), du KSA (Krosmoz Stars Arena) et de la KTV (KrosmozTV). Cela fait maintenant plusieurs années que je participe, d’abord en tant que bénévole associatif uniquement pour le KTA, puis via l’entreprise SMIZ. Pour Dofus, je suis joueur depuis 17 ans. Même après tout ce temps, j’ai toujours le jeu en passion !
II. Une LAN est un gros événement à préparer. Aviez-vous déjà des envies concernant de possibles rencontres entre joueurs les années précédentes ?
On a l’idée sérieusement depuis très longtemps. Je dirais qu’on
en rêvait dès les débuts. On a commencé à se chauffer dès les
premiers mois de 2020, lors de la saison 4 du KTA. On aurait bien
aimé la finir par une LAN… jusqu’à l’annonce du premier
confinement, quand tout le COVID nous est tombé dessus. Tout a
alors été abandonné, au moins pour cette année.
En 2021, pour faire évoluer le KTA, l’idée de la LAN est devenu un
objectif, d’autant que la situation sanitaire semblait s’améliorer.
Il fallait que l’on en fasse une cette année.
Cela a pris du temps, objectivement trop au début pour vraiment se
lancer. Mais début juin, les choses se sont accélérées en cherchant
notamment de nouveaux partenaires, une salle, une régie, des
relations, etc. Cet été, surtout en juillet-août, tout a été
décidé, avec un projet lâché pleinement fin août.
Une LAN, c’est quelque chose qui nous tient à cœur depuis
2018-2019. A la base, en parallèle du KTA, il y avait déjà les
Dofus World Series donc nous n’avions pas forcément cela en tant
qu’ambition. Nous avions cependant toujours voulu faire des petits
tournois Dofus en LAN. Durant cette période, il y avait la mode des
« Meltdown » (bars gaming), avec Krosmaga par exemple.
C’était finalement assez compliqué à mettre en place, avec beaucoup
d’éléments ne tenant pas de notre ressort ou de celui des personnes
gérant cela chez Ankama (Kylls, chargé du projet Esport).
Avec la fin des DWS en 2019, on a senti qu’un manque de LANs se
ferait ressentir. La Dofus Cup n’allait pas avoir lieu en
présentiel en dehors du cast. Il n’y avait plus d’occasion de se
voir en dehors des conventions. La dernière réunion Ankama était
d’ailleurs la Japan Expo 2019, sans rassemblement PvP.
En 2020, l’idée était là mais à cause d’un événement imprévu et
assez grave [aka le coronavirus], elle n’a pas pu se concrétiser.
Dans tous les cas, c’était beaucoup trop tôt. Cela n’aurait pas été
possible [d’un point de vue de SMIZ] et cela nous aurait plus
couler qu’autre chose. Ainsi, attendre 2021 a permis de laisser le
temps au KTA et à SMIZ de grossir. On a alors vu que l’on avait les
moyens potentiels d’y arriver. On s’est simplement dit « Let’s
go ».
Il y a toujours cette idée de notre côté de
« professionnaliser » l’Esport. Nous n’attendions pas la
LAN si tôt, mais cela était un rêve de gosses de pouvoir organiser
un événement de ce type. Shax et moi sommes des gens de la
commu. On n’est pas Ankama et on ne représente pas quelque
chose d’officiel. Ce n’est pas un tournoi d’amateur puisque l’on
reste professionnels, mais ce n’est pas non plus purement géré en
interne. Il y avait eu la CDO 2 (Coupe des oppressés), mais c’est
tout en dehors des conventions. A ce moment, c’était déjà un banger
et on a essayé de relever le défi à notre tour.
III. Est-ce que la situation sanitaire durant l’année 2021 vous a impacté, notamment dans la gestion de l’événement ?
En réalité, pas tellement. La situation ne nous a pas particulièrement impacté. Il y a eu quelques craintes forcément notamment début novembre avec le retour de discussions autour de restrictions. On espérait alors juste ne pas prendre un revers sur l’organisation. Puisque d’autres événements avaient lieu et que les équipes partenaires avaient l’habitude, se conformant aux nouvelles conditions, ce fut presque transparent. Évidemment, ce n’est pas optimal de toujours devoir mettre le masque et la passe sanitaire. Globalement, on a été assez serein.
Les séquelles de 2020 étaient présentes en 2021. Du moment où le gouvernement peut d’une simple décision annuler tout d’un trimestre à l’autre et annihiler complètement les organisations IRL, on ne pouvait pas préparer des démarches définitives trop tôt. C’est assez effrayant au niveau de la confiance. On est obligé de s’engager, d’avoir une certaine sécurité. Si l’événement n’est pas dans le planning de tout le monde des mois à l’avance, il peut y avoir des acteurs qui changent d’un jour à l’autre. Une semaine et demie avant la LAN, on ne savait qui allait être présent. 1 mois et demi avant, on ne savait pas de quoi allait être constituée la première partie de l’événement.
IV. Avec la Krosmonote 2021 la veille, aviez-vous peur lors de la pose de la date que les deux événements se chevauchent ?
C’était un pur hasard. La date de la LAN était décidée avant que celle de la Krosmonote ne soit publique. On voulait vraiment faire cela un week-end même si c’est plus coûteux. La première finale des DWS avait eu lieu un vendredi et c’était très limitant. Un samedi était idéal, sans vraie crainte qu’un événement Ankama s’amène le même jour. Par contre, on pouvait craindre un autre gros rendez-vous dans le milieu du streaming, comme le ZEvent par exemple. Nous n’avons pas de maîtrise là-dessus et dans tous les cas, on a tout fait pour travailler comme si rien n’était fait en parallèle, ce qui était le cas.
C’était un assez gros coup de pot. Je pense qu’ils ont pris en compte le calendrier du KTA, fourni à l’avance et savaient très tôt que ce week-end serait pris. D’un autre côté, nous n’avions pas encore de solution précise, sur le samedi ou le dimanche. Si Ankama avait pris le samedi 27 en pensant que la LAN se déroulerait le dimanche 28, tout aurait capoté.
V. Finalement, c’était quoi le grand stress d’avant LAN ? Craigniez-vous une éventuelle annulation ou un problème majeur de dernière minute ?
Il n’y a pas eu de gros problème majeur, puisque tout a pu être
résolu. Le matin par exemple, personne ne pouvait accéder à Dofus.
C’est difficile de penser à tout ce qui peut changer en LAN. Il
faut aussi faire venir tous les casters et joueurs. Pour ces
derniers, nous ne les connaissions que depuis une semaine, c’était
très court pour organiser les transports. D’autres questions
apparaissent aussi : est-ce que les casters qui assurent chez eux
vont réussir aussi devant un public ? Est-ce que les présentateurs
vont convaincre ? Et c’est sans compter sur les contraintes
techniques du stream et de la régie qui sont infiniment plus
complexes qu’une préparation sous OBS.
En tout cas pour moi, nous avions plein de facteurs à gérer et pas
forcément un point qui nous inquiétait. Il ne fallait rien oublier
pour que tout se passe bien. D’autant que le mois de novembre était
très chargé. Le temps consacré à la LAN était réduit et nous
devions être efficaces. Le plus stressant était principalement de
jongler entre tous les éléments.
Je pense qu’une fois qu’on était arrivé 1 ou 2 mois avant la LAN et que l’on a commencé les communications dessus, on était quasiment sûrs que c’était trop improbable d’avoir un vrai confinement. On a eu une petite frayeur avec la montée des courbes et une éventuelle 5ème vague, mais vu la propagation du vaccin, dans le pire des cas, il y aurait une restriction du nombre de personnes. Le nombre de places et de salles aurait pu être adapté sans annuler complètement.
VI. La LAN proposait non seulement la finale des Dofus Masters, mais aussi le Nozathon. Était-ce déjà prévu dans les cartons ou une alliance finalement imprévue ?
On a toujours vendu une LAN Dofus 2021, jamais Dofus Masters. Le but était un événement pour la plus grande partie du « Dofus Game ». Cela ne devait pas simplement parler à ceux qui suivent le KTA. On voulait ouvrir avec quelque chose d’autre, proposé par d’autres influenceurs notamment, pour réunir un maximum. On a alors eu l’idée de joindre Nozadah pour son Nozathon. De plus, son format avait un très bon concept en assemblant différents chefs d’équipe pour le stream et les joueurs dans la salle. C’était vraiment notre volonté et vu que cela a bien marché, si à l’avenir on refait une LAN, un duo d’événement dans ce style serait à prévoir.
2 mois avant, nous ne savions pas ce qu’allait être la première
partie. Cependant, on ne voulait pas non plus uniquement faire une
LAN pour les Masters, ce serait dommage. On avait pleins de
joueurs, déplacés pour l’occasion, sans vraiment aboutir à quelque
chose. Par exemple, on s’est d’abord positionné sur une Tarkan Cup
sans que cela soit possible. On se questionnait sur ce qui pouvait
remplir ces 2-3h d’ouverture sans que cela soit ennuyant et l’idée
du Nozathon a été mise sur la table.
Nozadah reste très influent dans la communauté et son organisation
peut être adaptée à volonté selon la tranche horaire disponible,
avec un concept malléable. On pouvait en plus faire se rapprocher 2
pans de la communauté, PvM avec les streamers et PvP. Le groupe
s’est formé je crois en septembre et c’est à partir de là qu’on lui
a annoncé. Finalement, il était giga chaud. À la toute base, on
aurait même voulu tenir une troisième partie, avec un KSA plus à
l’arrache regroupant des épreuves impossibles en distanciel, après
la Finale. Heureusement, on ne l’a pas fait car cela aurait été une
catastrophe.
VII. Cette LAN était bien évidemment en partenariat avec Ankama, mais aussi avec Ynov Campus et l’E-Spot Comment vous sont venues ces idées de collaboration ?
Avec Ankama, c’est assez naturel. Ils nous soutiennent depuis le
début et de plus en plus. Ils ont une part majeure dans tout ce que
peut mettre en place le KTA. Pour l’E-Spot, cela s’est décidé
autour de devis. Les discussions se sont bien passées. Le lieu
correspondait à nos attentes et était adapté à ce que l’on voulait,
ce fut donc assez rapide. Pour Ynov Campus, c’était la partie la
plus compliquée de l’organisation. Les événements comme des LAN,
très coûteux et pas forcément rentables sur le moment même, ont
besoin de sponsoring. SMIZ a envoyé beaucoup de demandes, pas
toujours avec réponse associée. Cependant, nous avons pu trouver
Ynov, que nous remercions énormément pour leur confiance.
La vision que peut avoir le public à propos des sponsors est un peu
dommage. La LAN a eu de bons retours, mais cela demande beaucoup de
moyens et un apport est nécessaire pour mettre le tout en place. Ce
n’est pas quelque chose de bizarre, au contraire, et c’est tout à
fait normal de leur donner de la visibilité pour les remercier de
leur investissement. C’est comme cela que fonctionne le monde de
l’Esport.
D’abord pour l’ESpot, j’avais pu remarquer à la fin du live une personne qui je suppose n’était pas spécifiquement connue, Zyros. En fait, c’est un peu l’entremetteur, le gars de l’ombre qui a fait marcher les bonnes relations. C’est lui qui nous a présenté le plan de la salle et c’est avec lui que l’on en est venu à tout organiser vers l’ESpot. Côté Ynov campus, on recherchait depuis le début de l’année un sponsoring pour la LAN et la saison. Si cela n’a pas été trop concluant, nous avons finalement eu un contact nous ayant mis en relation avec la structure. Celle-ci voulait s’investir dans des activités plus « jeunes », dont l’esport. De fil en aiguille, les discussions se sont tenues et l’événement a trouvé son sponsor.
VIII. L’événement était aussi une belle mise en avant du succès de la structure du KTA en elle-même. Est-ce qu’en 2018, vous pensiez que l’aventure vous mènerait 3 ans plus tard ici ?
C’est dur à dire. On essaie de ne pas se fixer des dates précises. On avance au fur et à mesure en faisant toujours plus et mieux. Honnêtement, quand on a lancé le KTA, on aurait jamais pensé à en vivre derrière sous forme d’une entreprise aussi proche d’Ankama. Ce n’est pas du tout ce que l’on avait en tête au début. A terme, cela aurait été possible mais sans qu’on puisse clairement fixer des échéances. Selon moi, il y a aussi LAN et LAN. Ce que l’on a pu proposer samedi était clairement très qualitatif avec beaucoup de moyens en termes de salle ou de technique. On ne pensait pas faire quelque chose d’aussi grand. Pour une première, la barre était haute. Est-ce que l’on se voyait faire cela aussi vite il y a 3 ans ? Peut-être pas. Une LAN, oui. Dans le format proposé, pas du tout.
En 2018, sans LAN, on ne pensait pas avoir autant de participants pour les tournois du KTA. Alors pour la LAN en elle-même, absolument jamais. Sincèrement, on pensait obtenir ce genre de résultats en 2024-2025. je dis ça, mais ce sont des chiffres un peu sortis de mon chapeau, puisque l’on n’a jamais vraiment quantifier tout cela. On est ravi.
IX. Vous aviez déjà précisé « travailler sans objectif précis pour ne pas vous brider », mais est-ce qu’il y a quelque chose , au moins de ton côté, que vous aimeriez faire ?
C’est une question de fonctionnement personnel. [Avoir des objectifs précis] Ce n’est pas quelque chose qui nous correspond. On préfère naviguer au jour le jour avec une ligne directrice, sans se dire « Dans 1 an, on devra avoir fait ça » ou « Il faut des streams à 3000 viewers ». On cherche à faire le mieux possible tout en évoluant niveau public, cashprize, technique, etc. Le vrai objectif est d’être toujours sur une pente ascendante.
On est toujours dans cette position. On ne veut pas travailler pour un objectif, mais nos envies. Cela a aussi ses inconvénients. En effet, puisque l’on n’est pas sous pression constante, il n’y a pas vraiment quelque chose que j’aimerais particulièrement faire. Je commence enfin à prendre ce que je fais comme un vrai boulot. Il y a moins le côté passion avec le « j’ai envie de le faire car j’ai envie de le faire », en dehors du côté production et stream. Je prends cette partie beaucoup moins comme quelque chose de pro, contrairement à l’organisation des tournois et du KTA en général. C’est un aspect qui me donne vraiment envie sans que je sois poussé à le faire.
X. Pour la LAN, le KTA et les Dofus Masters, êtes-vous satisfaits des formats proposés ? Juste après l’événement, quels sont vos premiers axes d’amélioration ?
Pour ce qui est de la saison du KTA, il y a déjà des
améliorations qui seront proposées pour l’année prochaine. On a des
pistes à partir de nos ressentis et de ceux des joueurs. Pour les
Masters, le format global est très efficace. C’est plus ou moins le
même que les Worlds de LoL avec 4 poules de 4 et quarts de finale
jusqu’à la fin. La seule chose qui me chagrine est la présence du
BO3. Ce n’est pas juste un changement à faire vers du BO5 par
l’organisation des matchs du week-end. Il faudrait soit avoir des
tournois très longs, soit imposer aux joueurs de combattre à 18h en
semaine.
Côté finale, on est satisfait pour une première édition. Nous
savons déjà ce qu’il faut revoir, notamment grâce aux retours des
spectateurs. Je peux citer le fait qu’on ne voyait pas assez les
joueurs, dont on n’avait pas l’impression sur place. La fin a aussi
été un peu bâclée sans échange avec les joueurs ou d’arrivée de
Poliabyss. On regrette tant cela paraît évident mais dans
l’ensemble des rouages à gérer, cela s’est noyé au milieu du reste.
Maintenant que l’on a conscience de ces défauts, la prochaine étape
sera de tout corriger.
Pour les Dofus Masters, je n’ai pas encore de réponse à froid. A
chaud, j’ai un petit regret sur le format des poules. Il
fonctionnerait énormément sur des équipes pro, qui gagneraient un
pécule quoi qu’il arrive. Si on avait 100.000€ de cashprize, on
aurait la possibilité de tout faire correctement. On a eu le cas
d’Octarine qui a forfait. On ne peut pas les blâmer. Ce n’est cool
pour personne mais au fond qu’ils abandonnent ou perdent tous les
matchs, l’enjeu serait le même. On va essayer de régler ce problème
au mieux l’année prochaine, mais on ne peut garantir de solutions.
On est dans un entre deux un peu étrange où l’on a assez de moyens
pour donner un intérêt économique aux tournois et pas assez pour
qu’il soit viable.
Pour la LAN en général, il y a pleins de choses que l’on regrette
et sont à améliorer. Il y a eu les reproches sur le peu de mise en
avant des joueurs ou le manque d’interview à la fin, notamment de
Poliabyss. Ce n’était pas vraiment notre volonté, mais nous avions
construit la chose ainsi. C’était notre première et il fallait
faire par étapes. Nous ne maîtrisions pas tous les points. Par
exemple, les visuels de stream ont été construits selon nos
logiciels (OBS), en fonction de ce que l’on savait sur les
logiciels semi-pro/pro, mais pas de ce qu’il y avait effectivement
dans la régie. Ainsi, il y avait quelques incompatibilités avec les
outils utilisés à l’Espot. Cet ensemble d’inconnues aurait été
encore plus grand en voulant viser plus haut, tout en divisant
notre attention déjà portée sur d’autres facteurs. On a donc visé
moins, tout en s’assurant que ce moins fonctionne entièrement.
Dans tous les cas, on connaît désormais nos points d’amélioration
et ce qui est maîtrisé. Si on a une prochaine fois, nous aurons de
nouveaux horizons à explorer !
XI. Avec les casters et votre direction artistique, on sent l’envie de construire un univers PvP du KTA avec ses propres codes : selon vous, est-ce déjà chose accomplie ou reste-t-il encore des choses à faire ?
Je pense qu’on est encore assez loin de ce que l’on voudrait
mettre en place à terme. Le nerf de la guerre reste l’audience car
cela engrange des chiffres et indirectement de l’argent. C’est
purement indépendant de notre passion ou de ce que l’on veut pour
l’E-sport. Si ce que l’on propose ne rapporte rien en termes de
public, c’est impossible de s’investir à plein temps et de se
rémunérer. C’est un point à améliorer. Pour le cast, on a une
équipe absolument incroyable et on est fier des personnes
travaillant avec nous. Il faut donc continuer dans ce sens, en
mettant à jour nos streams et la façon dont on suit un match sur
Dofus. C’est toujours très complexe, mais ajouter du dynamisme est
nécessaire. Pas forcément dans le cast en lui-même, mais dans le
stream pour que l’ensemble soit intéressant même pour des
non-initiés.
D’un autre côté, on ne pense pas encore être à la place qu’avaient
les Dofus World Series dans l’esprit des joueurs, 3 ans plus tôt.
Cela commence à y ressembler et on est content que quand l’aspect
Tournois Dofus est abordé, le KTA est associé. Nous ne sommes pas
encore à faire 3000 viewers à chaque soirée de match, c’est
certain. Cependant, on tend vers cet objectif sans l’avouer.
C’est encore en construction. Le KTA en général n’a pas de direction artistique. On a le côté Krosmoz-spatial violet-bleu-cyan depuis la saison 1. Cependant, c’est bien un univers Krosmoz plutôt que KTA-PvP. Avec les Masters, les artistes chargés de l’overlay se sont donc occupés à essayer de se retirer de ça, avec un univers plus mature et Esport. On est encore aux débuts et on va tendre vers de nouvelles améliorations.
XII. On a vu notamment Midl au cast mais il y a aussi eu un énorme travail en amont. Comment s’est effectuée la répartition du travail ?
On a des rôles assez distincts. Il y a beaucoup de tambouille
interne mais cela se remarque aussi sur les streams avec Midl à la
régie. Pour le mois de Novembre, j’ai pris la casquette de
l’organisation directe (Dofus Masters, Temporis, prévision saison
6) pendant que Midl se chargeait de la LAN. Pour tout le côté
technique, la mise en place la veille, c’est beaucoup plus lui qui
a géré, à 100%. C’était donc logique qu’il soit sur scène aux
présentations.
Comme souvent, j’étais de mon côté sur mon PC à veiller que tout se
passe bien en jeu (mise en pause éventuelle des matchs) et à faire
la communication. J’étais aussi présent la veille, à la Krosmonote,
pour discuter avec Ankama et suivre les annonces autour de Dofus.
Chacun a eu une expérience différente. Si l’on m’a très peu vu à la
caméra, ce n’est pas très important tant que la qualité de
l’événement est au rendez-vous. Le KTA c’est pas Shax et Midl,
c’est ce qui est proposé.
Pour refaire les rôles, du moins sur la LAN, Shax s’occupait de la logistique et la communication pendant que je gérais la production. Je m’assurais que toute l’installation se passe bien, du passage des directives, des équipes, du partage avec l’Espot et partenaires, etc. On est dans une situation où l’on se fait confiance mutuellement et on ne vérifie pas en permanence ce que fait l’autre.
XIII. Durant la journée, comment cela s’est passé ? Etiez-vous confiants malgré les soucis techniques ?
Le Jour-J, j’étais serein. Midl avait tout géré et ma partie organisation était remplie. Je m’étais notamment chargé du transport des joueurs et casters. Une fois le tout fait, je n’avais logiquement plus de problèmes à rencontrer contrairement aux imprévus que pouvait avoir Midl de son côté. Quand il y a eu le problème de connexion à Dofus, alors que c’était une LAN Dofus, c’était assez embêtant. On n’avait pas vraiment de visualisation de la durée de résolution ou même si les joueurs pouvaient se connecter le 27. A ce moment-là, ce n’était pas du stress, mais plutôt du désespoir. Seul Logan a pu s’en occuper avec l’équipe d’astreinte, nous sauvant une fois de plus. On ne pouvait qu’observer. Une fois cette épreuve franchie, la journée a été fatigante mais j’ai pu bien en profiter d’un point de vue personnel.
Confiant oui mais pas totalement. La décision par exemple de
présenter aux côtés de Proto s’est prise la veille. Il ne devait à
la base y avoir que lui sur le plateau mais au fil des
installations, le duo s’est formé. Cela a dû se sentir lors du
live, puisque l’on partait chacun de notre côté dans les dialogues.
En vrai, on arrivait à rebondir puisque l’on se connaît bien mais
c’était un peu étrange, au moins de mon point de vue. Le premier
passage sur scène était de plus un peu stressant et je ne me
sentais pas prêt. Cependant, avec l’inertie donnée notamment par
les discussions avec le public lors du pre-show, les directives et
l’aspect « Je suis l’organisateur », j’étais plus
complice avec les visages en face plutôt qu’en tant que parfaits
inconnus.
Pour la journée en elle-même, je suis arrivé sur place à 9h et
jusqu’à 13h, tout s’accélérait. Je n’avais pas le temps de stresser
tant j’avais de choses à faire à droite et à gauche avec les
équipes. Ce n’est qu’avec le problème d’IP que je me suis à peine
rendu compte que l’événement était lancé. Il fallait que je vois
avec le snack, avec Logan, avec la régie, avec l’équipe de l’espot,
la sécurité, etc. Nous n’avons pas pu tout faire, mais l’essentiel
était là. Par exemple, dans le grand écran du fond, il devait y
avoir les logos des équipes avec le score. Nous avons finalement
priorisé le bon placement des pseudos et l’affichage du stream. On
devait aussi faire attention à l’alcool et apparemment Feral a
glissé entre nos doigts. A 12h30, avec tout le monde installé, je
me suis posé avec la réalisation que tout commençait sans
contrecoup, et j’ai continué. Même en voyant Logan sur la page IP
de l’Espot en train de contacter l’astreinte, je n’ai pas eu le
temps de stresser car il fallait avancer.
XIV. Avec le retour du Goultarminator pour Temporis Rétro, est-ce qu’il y a toujours des projets du point de vue de cette version ou le travail se situe encore principalement sur Dofus 2 ?
Non, aujourd’hui le projet est principalement sur Dofus 2. Le Goultarminator est plus un one-shot (non organisé par SMIZ) contrairement au KTA qui est un contenu régulier. Sur d’autres jeux, rien n’est prévu. Forcément, on est obligé de se projeter sur une éventualité Waven par le futur. Cependant, c’est encore trop loin pour vraiment l’imaginer.
C’est complexe. On est principalement 2 à gérer le KTA et si l’on voulait commencer à se diversifier de façon permanente notamment pour Rétro, ce serait se diviser en moins bien. Occasionnellement, c’est tout à fait possible. Définitivement, il faudrait une troisième personne pour se décharger sans qu’elle ne soit spécialement dédiée qu’à cela. Ce n’est pas notre objectif actuellement d’avoir une personne pour un jeu, ou de moins qui soit de SMIZ pour s’occuper de Rétro. Ce n’est pas viable sur le long terme. Nous voudrions plutôt une séparation sur des rôles comme la communication par exemple. Toutefois, il reste une volonté de s’étendre (sur Rétro, Waven, Touch…) mais le but reste de pérenniser la boîte.
XVI. Le portage sous Unity va apporter son lot de nouvelles possibilités. Qu’est-ce que tu voudrais voir apparaître sur le jeu qui ne peut pas y être actuellement ? Comment cette version pourrait aider au développement du KTA ?
Dofus 2 Unity sera un vrai vent de fraîcheur pour le jeu. Pour moi, je pense qu’il faut qu’on améliore au maximum le KTA jusqu’à l’arrivée d’Unity et après, c’est jackpot. Il y aura une nouvelle hype sur Dofus, j’en suis certain. Pour le KTA, le côté dynamisme, pour les matchs notamment, va beaucoup aider. On aura un contenu plus fluide et ainsi plus agréable à regarder. On peut aussi s’attendre à une révision du client. Je pense par exemple à une interface spectateur retravaillée, plus plaisante et complète. Il y a énormément de choses que l’on attend d’Unity et l’impact sera réel. On a hâte d’y être, même si ce n’est pas encore là [Dofus 2 Unity arrivera en 2023].
Un vrai mode spectateur, tout simplement. Peut-être pas aussi détaillé que celui du Gorafus Live, mais au moins avoir un match bien suivi. Le chat en l’état actuel n’est qu’un « print » (affichage) direct des logs de combat. Cela éviterait de devoir développer des solutions tierces de notre côté pour suivre le déroulé, lisible, d’un match.
XVII. Comment voulez-vous faire évoluer le KTA en 2022 ? Avez-vous déjà une idée de ce que sera la compétition ?
C’est très majoritairement décidé même si l’on est encore dans le vif du sujet en décembre. On aimerait s’y mettre plus tôt mais notre temps était limité. Pour ce qui concerne les participants, il y aura des évolutions relativement conséquentes annoncées en début d’année prochaine. L’Univers du KTA et le côté retransmission seront aussi en ligne de mire.
Je pense déjà qu’on va continuer sur le format de ligues. Un problème qu’on avait pu rencontrer avec les tournois successifs était la répétitivité, puisque le fond n’est pas si différent d’une organisation à l’autre. Avec les ligues, les championnats sont uniques avec des objectifs clairs en permanence, peu importe le rang, à court et long termes.
XVIII. Que pensez-vous du développement de l’Esport sur le jeu Dofus ?
L’Esport Dofus repose sur le KTA. Ce dernier a pris une place
qui n’était pas du tout prévue à sa création. C’était en 2018 un
complément aux DWS et maintenant en 2021, il les a remplacées. Il y
a eu une transition très compliquée entre la fin de ces
championnats et ce que l’on propose. Ce n’était pas préparé et fait
sur le tas, avec une organisation primitive de notre part. C’était
un retour en arrière, surtout en comparant à ce que l’on peut
mettre en place avec nos moyens actuels.
Dans tous les cas, je suis fier de ce qui a été fait au fil des
années. On peut vraiment voir les pas de plus effectués à chaque
bilan de fin de saison. Je regardais par exemple le nombre
d’inscrits pour les ligues en 2020. Je pensais que 2021 serait
similaire, alors qu’on a quasiment doublé d’équipes participantes.
On a une évolution rapide, qui se ressent aussi sur les audiences
et en termes de joueurs s’approchant du KTA.
Des influenceurs commencent aussi à s’intéresser à notre projet
PVP, avec Sapeuh et Huz. Surtout, il y a aussi eu le recrutement
d’une équipe par Solary sur Dofus. C’est démentiel même pour une
équipe secondaire pour eux et signifie beaucoup au niveau de la
taille de la structure. En termes de popularité et de visibilité,
elle est clairement dans le TOP 3 français. On aimerait beaucoup se
diriger dans cette direction avec de nouveaux investisseurs
externes pour l’Esport Dofus et donner envie d’intégrer l’univers
via le recrutement ou le sponsoring.
On est dans une période clef, avec une belle proposition via la LAN
et des cash prizes très honnêtes (40.000€ sur 2021). Cela commence
à payer avec Solary et Ynov et il faut que cela continue. C’est
même une nécessité. On est confiant mais un travail énorme est
demandé. L’Esport Dofus peut être encore plus abouti d’ici quelques
temps, afin que l’on arrive vers quelque chose de « pro »
ou « semi-pro ». Ce serait une belle victoire.
Je pense que c’est la première année où je peux dire que je suis
à la fois confiant et content de l’Esport sur Dofus. Jusqu’en 2020,
notre réflexion, partagée par les joueurs, sur la position d’Ankama
était très approximative. On voyait qu’ils voulaient passer la
patate chaude à quelqu’un en déléguant les responsabilités, pour
n’avoir qu’un cachet à fournir. C’était en tout cas un sentiment,
pas forcément justifié, que l’on avait.
En 2021, les choses ont changé. On a eu un dialogue plus poussé,
avec plus de temps disponible. Outre SMIZ, de nombreux aspects
communication ont été amorcés cette année, avec les influenceurs ou
la Krosmonote notamment. On sent beaucoup plus une volonté de faire
que « ça marche », plutôt que « ça existe ». Il
est encore tôt pour prendre du recul mais l’on est positif sur
l’évolution du PvP compétitif sur Dofus.
XIX. Remerciements
Il y en a toujours un milliard, mais je pense que les gens ont conscience de ce qu’ils ont pu nous apporter. Sans cette aide, le KTA n’en serait pas arrivé là. Le but ne sera pas de tous les lister. Je peux en tout cas remercier toutes les personnes nous aidant au quotidien avec Midl. On est toujours désigné comme étant la structure car c’est notre métier. Cependant, d’autres participants y consacrent des heures et des heures, permettant de rendre le tout possible.
Je remercie toujours autant la communauté Ankama et toutes les personnes agissant pour que le KTA fonctionne. Ils sont toujours à fond et super chaud pour nous suivre. Shax et moi sommes deux gamins avec un projet un peu bête, assez fou pour le tenir et c’est finalement ultra immature de notre part de faire ce que l’on fait. Sur le papier, ce n’est pas viable sur le long terme du tout. On est à fond dessus alors que l’argent engrangé est limité. A tout moment, tout peut se couper sans que l’on ait rien gagné. Mais au final, on a plein de gens qui nous soutiennent au quotidien et c’est grâce à eux que SMIZ peut continuer.