Et Frigost III eut 10 ans sur Dofus
Frigost devient rétro, même pour Dofus 2. L'extension se clôturait, il y a 10 ans, jour pour jour, tout en lançant un mastodonte.
Il y a 10 ans, jour pour jour, débarquait la fin de ce qui est encore aujourd’hui la plus grosse extension que n’ait jamais connu Dofus, Frigost. Patch symbolique du début de la 2.0, pourquoi cette étape est-elle toujours aussi importante pour le MMO ?
DOFUS – 10 ans dans le Rétro pour Frigost
Dofus 2.11 est la dernière des mises à jour fondatrices pour ce qu’allait être Dofus dans les années à venir. Elle fait arriver les premiers donjons de niveau 190/200, ainsi que des équipements. Elle introduit moult succès avec de la difficulté en exploitant pleinement le système introduit quelques mois auparavant. En bref, elle consolide tout le travail effectué depuis 2011 sur Dofus 2, de la 2.1 à la 2.10.
Ce n’est pas pour autant pas l’essentiel, la plupart des avancées étant surtout arrivée avec Dofus 2.3 ou 2.6 par exemple. Les succès existaient déjà depuis 2.9 et composent une énorme part du gameplay du MMO de 2023. Pourtant, outre les changements d’apparence de la refonte graphique, c’est bien avec la fin de Frigost que Dofus est devenu Dofus 2.
Le vrai contenu de Dofus 2.11
Avec un regard moderne, le format de Frigost III est finalement très commun de mises à jour. On prend des donjons 200, on cumule des zones avec quelques séries de quête et hop, un Dofus. Cependant, on ne parle pas d’un événement de fin d’année ici, mais de fin pour Frigost. En effet, depuis le début de la 2.0, Ankama sortait par chapitres le contenu de l’île, la première à recevoir des donjons de niveau 190 et 200. Il s’agit ainsi plutôt d’une ligne d’arrivée, avec la conclusion de moult chemins narratifs créés depuis la Bourgade de la plus grande extension, autant géographiquement que d’un point de vue contenu, que Dofus ait connue. Même en 2023, malgré Saharach ou Pandala, Frigost domine par son impact sur les visions de jeu.
Le Comte Harebourg, figure mystérieuse évoquée dans les livres, prenait enfin forme. Il devenait un boss ultime, trônant littéralement sur le monde des Douze, avec ses propres mécaniques inédites. Affronter, dans un jeu-vidéo, un boss avec décalages horaires basés sur de la trigonométrie, ce n’est pas fréquent. Elle lui est même assez unique, le nombre de monstres la développant se comptant sur les doigts de la main. Et pour cause, les Game Designers et développeurs s’y penchaient dessus dès les débuts de la nouvelle version de Dofus. Du moins, c’est ce que laisse suggérer Temporis Rétro 2, qui, en réutilisant les concepts de l’époque, a introduit une version édulcorée des PI pour son Pandawa.
Le Dofus des glaces, déjà dans les fichiers du jeu depuis la 1.0, s’affichait également enfin en récompense. Les joueurs avaient même pu voter, via un sondage, pour le nom du succès de l’œuf, valant à l’époque tout l’or du monde. C’était aussi un des premiers uniquement disponibles via des quêtes, un format encore inédit alors que le Pourpre ou le Turquoise s’obtenaient toujours en drop sur des boss spécifiques.
La grande fissure
Cependant, si Dofus 2.11 fait la continuité des mises à jour des années précédentes, elle est aussi connue pour une ultime rupture. On ne parle pas ici de la suppression des échecs critiques, mais bien de la refonte des corps à corps. Que cela soit en conséquence directe de la modification ou de l’environnement tournant au déclin des MMO, Dofus perdit en quelques mois quelques centaines de milliers de joueurs. La version 2.0 ne faisait déjà pas l’unanimité au niveau graphique et cette refonte agissait comme un dernier point de rupture. Ankama choisissait alors de sérieusement nerf les armes pour favoriser les sorts et les gameplays des classes. Une trahison pour certains, une obligation future pour d’autres.
En réalité, Dofus 2.11 dans tout son contenu, est tout simplement l’affirmation d’une nouvelle vision de game design. Les membres de l’équipe restent les mêmes tout en passant d’un projet « un peu indépendant » à de vrais impératifs de « jeu-vidéo industriel ». Il n’y a pas de point péjoratif ici ; Dofus était un mastodonte, vieillissant inexorablement et Ankama mettait doucement un cadre, à la fois interne et externe, au MMO. Il fallait pérenniser ce qui semble encore être aujourd’hui la poule aux œufs d’or, quitte à casser quelques Dofus.
10 ans plus tard, on ne peut que constater la sérialisation prise depuis ce point. Le format évolua peu par la suite, ralenti et condensé principalement, sans pour autant changer les fondamentaux. La refonte des armes fut finalement bénéfique, d’autant qu’elle sera renforcée par la suite par d’autres équilibrages. C’était ultimement le dernier clou dans le cercueil de Dofus 1 et l’arrivée de la standardisation des mises à jour.
L’anomalie temporaire
Quelle est donc la finalité de ce coup de vieux ? Sans doute un peu d’introspective et un regard sur les événements récents. Depuis la sortie de la 2.67, Dofus subit un enchainement d’aléas et de conséquences indirectes à des décisions polarisantes. Que ce soit les problèmes de connexion, les bugs, les erreurs sur les montures, l’AvA, le moral semble être au point noir pour tout le monde. Ultimement, Dofus Rétro y perd aussi avec un recul de trois semaines de son Temporis 2.
Le MMO n’est, en considérant le 2.11, pas à sa première situation tendue. On avait tendance à les oublier depuis le COVID, redonnant largement de la confiance avec les succès des Temporis en confinement. En absence de chiffres, on ne peut que remonter qu’à fin 2017/début 2018, avec la perte de joueurs suite à la non application progressive des variantes de sort en parallèle des serveurs monocomptes. 300.000 disparaissaient, revenant sans doute plus tard pour les serveurs temporaires. La question est à savoir si, encore une fois, les joueurs les plus « éloignés » seront de retour.
Dans tous les cas, voir les vieux concepts arts fait sourire, tout en faisant penser à tout ceux qui ont forgé Dofus. Le projet reste un travail d’équipe, avec des avancées et des désaccords. Certains sont déjà partis de l’aventure, laissant des cadeaux et marquant au fer rouge le jeu. Plus récemment, c’est le cas de Maba (en interview ici) à qui on doit la plupart des illustrations de l’époque. L’auteur du changelog de Dofus 2.11, Lichen, restera lui aussi virtuellement iconique par son Floribonde.