Test : Like A Dragon Infinite Wealth fait parler sa richesse
Le meilleur du J-RPG
Il y a des titres pour lesquels on sait à quoi s’attendre avant même la première seconde. Like A Dragon: Infinite Wealth en fait partie, non pas que ça soit un problème. Cela fait maintenant de nombreuses années que Ryû ga Gotoku Studio a ajusté sa recette pour obtenir une formule efficace et plaisante. Même en changeant radicalement le cœur du gameplay avec un virage vers le RPG et ses combats au tour par tour, abandonnant au passage le nom Yakuza. Et malgré tout, le studio parvient encore à surprendre et offrir un titre encore plus profond, porté par ses deux protagonistes.
Ce test de Like A Dragon: Infinite Wealth a été réalisé sur PS5 via un code fourni par l’éditeur
Le changement c’est maintenant pour les yakuzas. Nous voici trois ans après les événements de Yakuza : Like a Dragon qui avaient conduit à la dissolution du clan Tojo et de l’alliance Omi. Soit deux des plus grosses organisations locales. Il ne fait plus vraiment bon être du mauvais côté de la loi, et nombreux sont les anciens yakuzas qui souhaitent se ranger. Mais pas facile de débuter une nouvelle vie quand on ne peut pas ouvrir de compte ou même de ligne téléphonique à son nom pendant cinq ans après une condamnation. Une double peine qui oblige les repentis à se tourner vers notre héros, Ichiban Kasuga.
Dur dur d’être yakuza
On retrouve donc Ichi, personnage central du précédent jeu et devenu protagoniste de la saga, dans sa nouvelle vie à Yokohama. Celle d’un homme qui veut tout faire pour offrir une seconde chance aux anciens truands, en se démenant pour leur faire confiance et leur trouver un emploi quand personne d’autre n’est là pour leur tendre la main. Sauf qu’évidemment, rien ne se passe comme prévu, et il se retrouve très vite renvoyé après un coup monté qui le fait passer pour un dangereux criminel.
A peine le temps de se pencher sur ce complot qu’il est envoyé à Hawaï, retrouver Akane Kishida, sa mère présumée morte depuis sa naissance, mais qui serait bel et bien vivante. On vous passe les détails et autres pirouettes scénaristiques qui conduisent à ce départ, puisque comme toujours avec RGG Studio tout finira par s’imbriquer pour ne faire qu’un puzzle géant. Qui contient pêle-mêle une V-Tubeuse énigmatique, un ancien capitaine yakuza, une prison pour traiter des déchets, et encore plus de complots.
Et ce n’est pas fini, puisque une fois arrivé à Honolulu, Kasuga va retrouver Kazuma Kiryu, lui aussi envoyé sur place pour retrouver Akane pour la faction Daidoji. Ses vacances après The Man Who Erased His Name semblent bien terminées, et avec une mauvaise nouvelle en prime. Kiryu est atteint d’un cancer incurable, et n’a plus que quelques mois à vivre.
Un tunnel qui en vaut la peine
Ces cinq premières heures assez intenses passées, le jeu peut enfin commencer. Un démarrage un peu poussif, d’autant plus que les premiers instants passés à Yokohama donnent l’impression d’un titre coincé dans un univers qui n’est plus vraiment le sien. Et pour cause, Infinite Wealth se passe principalement à Hawaï, et ça se voit. Honolulu offre un nouveau terrain de jeu, bien plus grand, mais aussi bien mieux agencé. Il n’est plus question d’une zone parcourue depuis 5 ou 6 jeux et dont on connaît les moindres recoins. Et qui à force limite l’écriture plus qu’autre chose.
Arriver avec une toute nouvelle ville, qui a pu être organisée pour coller au mieux au scénario, fait un bien fou. Les traditionnels trajets entre les quatre coins de la zone sont bien plus agréables. Surtout, des rues inédites signifient nettement moins de recyclage des assets, le petit péché mignon de la série. Et quel bol d’air. Pourtant, la formule ne change pas d’un millimètre. Le scénario nous envoie à un point A, puis B, C, et D, avant de revenir au A. Mais, entre-temps, on a eu le temps de découvrir moult quêtes annexes, activités ou autres choses à faire pour s’occuper. Sans jamais avoir l’impression de tourner en rond, comme ce qui pouvait être le cas dans The Man Who Erased His Name ou Like A Dragon: Ishin.
Car oui, le cœur du jeu reste grandement similaire à ce que RGG Studio avait proposé dans Yakuza : Like a Dragon. Un RPG avec des combats au tour par tour, et beaucoup de folie. Les ennemis se transforment en monstres toujours plus loufoques, les animations des attaques ou coup spéciaux ne se prennent pas au sérieux, et tout est haut en couleurs. Un mélange entre sérieux et rigolade, comme entre tradition et modernité.
N’importe quoi oui, mais assumé
Nous voila donc à alterner entre une histoire de secte un peu louche, d’enlèvement, de mafia locale et autres pérégrinations avec l’une des nombreuses escapades proposées par Hawaï. Que ce soit se nouer d’amitié avec les habitants, d’un « Aloha » bien placé, collecter tout ce qui pourrait être par terre, ou s’attaquer à la Ligue Sujimon. Car quasi l’intégralité des activités de Like a Dragon font leur retour, avec un pendant hawaïen. Plus poussé, plus décomplexé, et forcément plus intéressant.
On pourrait aussi parler de Dondoko Island, sorte de rencontre absurde entre Stardew Valley et le capitalisme de Animal Crossing. Un complexe de vacances qu’il faut remettre sur pied, un peu à l’image de la gestion d’entreprises qui était présente dans le jeu précédent. Mais tellement rempli, puisqu’il faut construire, ramasser des déchets, tabasser des ennemis, planter ses navets, récolter des insectes, pécher. Un pan tellement complet qu’il aurait pu être un spin-off à lui tout seul. Durant le test, une dizaine d’heures s’est ainsi volatilisée pour arriver au bout de l’activité. Une bonne grosse parenthèse, qui en plus permet de farmer l’argent pour le retour au « vrai jeu ».
Une formule extrêmement bien rodée, et qui permet de ne jamais être lassé ou surchargé par l’histoire, même quand elle aborde des thèmes plus durs. Même si le jeu se prend un peu les pieds dans le tapis de la langue locale. A son arrivée sur l’île, Ichiban Kasuga doit lutter pour se faire comprendre, lui qui ne parle que japonais. Et rares sont les habitants qui peuvent converser avec lui. Ce qui force à introduire d’autres personnages, bilingues, et qui vont l’aider dans son aventure. Sauf qu’à un moment, le titre ne prend plus vraiment la peine de s’encombrer avec ce genre de détails. Tout le monde parle japonais, hormis un ou deux obscurs PNJ dont on devine donc rapidement qu’ils n’auront qu’un impact minime dans l’histoire. Un choix qui évite certes les dialogues aux changements incessants de langage, mais tout de même un peu dommage.
Encore plus, toujours plus
Et puis, arrivé à un certain point du scénario, Like A Dragon: Infinite Wealth entre dans sa forme finale. Non pas que le jeu avant cela était désagréable, bien au contraire. Mais au fil des événements, Kiryu prend enfin conscience de sa mort certaine, et de tout ce qu’il lui reste à faire. Le voilà alors renvoyé au Japon, pour accomplir une liste de choses à faire avant de mourir.
L’excuse parfaite pour RGG Studio pour revenir sur tous les titres Yakuza du passé, et rendre l’hommage qu’il mérite au Dragon de Dojima. Le faire traverser Yokohama et Kamurocho, revoir des têtes connues. Chaque petit café ou cabaret fait remonter des souvenirs à un homme qui a eu tant de vies. Ce qui rajoute encore une avalanche de quêtes annexes à accomplir, comme si le titre manquait en durée de vie. Et donne encore plus de poids aux événements de la suite.
Alors, on continue à se perdre, enchaîner les quêtes, pour ne pas voir la fin. Par peur de dire au revoir, et d’arriver à une fin que le jeu nous annonce comme inévitable. On prend du bon temps, entre Japon et Hawaï, à voir toutes ces pistes converger. Like A Dragon: Infinite Wealth est une réussite totale, un excellent divertissement sur tous les points, et le sait.
Seule véritable ombre au tableau : le New Game+, caché derrière une édition Deluxe surtaxée. Certes, le jeu se suffit à lui-même, et il y a bien assez à faire, mais rien n’excuse de faire payer 15 euros de plus pour une fonction qui devrait toujours être gratuite.
Le bilan du test de Like A Dragon: Infinite Wealth
Quel plaisir de voir la formule Yakuza/Like A Dragon mais dans un nouveau terrain de jeu. Plus beau, plus grand, encore plus riche, Like A Dragon: Infinite Wealth pourrait aisément être résumé par : tout en mieux. Avec en bonus deux personnages principaux pour le prix d’un. L’intrigue bénéficie toujours des qualités d’écriture du studio, et les parenthèses annexes deviennent quasiment l’activité principale tant le jeu a de choses à proposer. Bref, tout ce qu’on aime dans un grand RPG.
Les points forts
- Une histoire toujours aussi passionnante…
- Ne se prend jamais au sérieux quand ce n’est pas nécessaire
- Toute la partie rendant hommage à Kiryu
- Toujours plus d’activités annexes
- Dondoko Island, qui aurait presque pu être un jeu à lui seul
- Hawaï, un nouveau terrain de jeu, plus grand et mieux construit
Les points faibles
- … Mais tout de même longue à démarrer
- Quelques petites pirouettes scénaristiques sorties du chapeau
- Le NG+ uniquement en version Deluxe
- La différence de qualité entre Japon et Hawaï
- Tout le monde parle japonais, sauf quand ils ne le parlent plus