Test de Diablo Immortal, quand les micro-transactions vont trop loin
Détruite par l'Archange Tyraël, les fragments de la Pierre-Monde corrompue par Baal sont dispersées à travers Sanctuaire.
Après une annonce plus que mitigée en 2018, le premier titre mobile de Blizzard est finalement sorti. Il aura fallu plusieurs phases d’Alpha et de Bêta avant que Diablo Immortal ne voit le jour, nous permettant d’en faire le test complet. Un premier jet plus que réussi dans l’univers du mobile pour la firme, aussi bien dans les bons que dans les mauvais côtés.
Ce test de Diablo Immortal a été réalisé sur PC et sur un smartphone sorti il y a 8 mois.
Une base solide, des mécaniques maintes fois acclamées, du contenu à ne plus savoir qu’en faire, voilà ce qui vous attend dans le jeu mobile de Blizzard. Une proposition alléchante, gratuite, et qui ravira aussi bien les néophytes que les adeptes de la licence. Mais si le tout est bien emballé, ce qui se cache à l’intérieur n’a rien de réjouissant.
Une première expérience plutôt convaincante
Comme beaucoup avant son lancement, nous étions sceptiques quant à la proposition d’un jeu Diablo sur mobile. Pourtant, Blizzard, ou plus précisément NetEase, a su capturer l’essence de la franchise pour en faire un titre aussi bon que généreux. Fourni en contenu, en mécaniques et en potentiel sur le long terme, c’est un quasi sans-faute sur mobile. Il faut tout de même un téléphone assez récent pour le faire tourner, mais l’expérience en vaut la peine.
NetEase en profite pour implémenter le premier créateur de personnages de la licence. Nécromancien, Barbare, Croisé, Sorcier, Moine et Chasseur de Démons bénéficient tous de 3 visages de base, modifiables de manière assez poussée. Emplacement des yeux, longueur du nez, lèvres et même sourcils passent par cette personnalisation. Bien évidemment cela ne se limite pas à cela car chaque classe possède un bon panel de sorts avec lesquels jongler.
De ce côté-là, le jeu reste copieux, tout en sachant se limiter. Les joueurs peuvent jongler entre 2 attaques de bases, 12 compétences et un ultime pour se créer un build unique. Ou le plus optimal possible si l’objectif est de conquérir le ladder PvP ou PvE. Avec diverses arènes PvP, et pas moins de 4 activités pour le endgame, autant dire qu’il y a des choses à faire dans le jeu. Mais avant de s’intéresser à tout cela, il va falloir atteindre le niveau maximum et prendre en main les contrôles, ce qui n’est pas toujours évident selon le support.
« Do you guys not have phones ? », Wyatt Cheng
Dès le début, nous étions prévenus. Diablo Immortal est un produit pensé, designé et développé pour Android et iOS. L’annonce de son arrivée sur PC en avril dernier était un aveu d’échec quant à la population ciblée, mais ouvrait une nouvelle question. Un jeu destiné aux smartphones peut-il s’aventurer sur PC et y trouver sa place ? Non, loin de là, et les premiers jours du jeu l’ont prouvé sans la moindre difficulté. Le titre est particulièrement bien optimisé sur mobile. Il ne souffre d’aucun problème technique (excepté pour les Samsung Galaxy équipés d’un Exynos, comme le S10+), et la maniabilité est très agréable.
Ce n’est évidemment pas le cas sur PC, qui dévoile clairement un portage fait pour apaiser les foules, mais qui n’était pas du tout prévu à l’origine. Grand classique chez Blizzard à la sortie d’un nouveau titre, le mappage des touches n’est pas fonctionnel. Au bout d’une heure de jeu, les touches attribuées, notamment celle de la compétence ultime, refusent de fonctionner. De plus, lancer sa sauvegarde sur mobile, avant de revenir sur PC, va réinitialiser toutes les options. Et cela met en avant un autre problème : les menus du jeu. Très accessibles pour un joueur mobile qui peut user de son doigt, c’est un véritable calvaire de se promener dans les menus sur PC.
Malheureusement, ce ne sont pas les seuls problèmes connus par le portage du titre. A la souris, les déplacements sont très inexacts, voire aléatoires dans certains cas. Votre personnage peut se retrouver à tourner en rond pendant 2 minutes si vous ne l’aidez pas en annulant la commande. Les touches ALT, CTRL et MAJ ne sont pas reconnues non plus par le jeu, et certains joueurs subissent des crash fréquents. Toutefois, il reste possible de persister, ou tout simplement passer sur mobile pour profiter du jeu. Si tant est que vous êtes prêt à débourser une fortune pour rester au niveau.
L’optimisation par la carte bancaire
Ce n’est pas nouveau, la monétisation dans les jeux mobiles F2P est très répandue. Elle permet souvent d’accélérer la progression, et parfois de prendre de l’avance sur les autres joueurs. Si Blizzard, et plus précisément Wyatt Cheng, avait affirmé que la boutique ne permettrait en aucun cas de s’équiper plus rapidement, il a semble-t-il oublié de mentionner que l’optimisation en dépendait énormément. Une décision qui a fait interdire sa publication dans certains pays, dont la Belgique.
Les pièces d’équipement ne peuvent pas être achetées, mais les gemmes oui. En achetant des Emblèmes légendaires éternels, il est possible de débloquer des failles ancestrales remplies de butin. Ces derniers s’échangent en boutique contre des Orbes éternels, la monnaie obtenue en contrepartie d’argent réel. Les gemmes légendaires sont essentielles pour l’optimisation de son équipement. Elles possèdent des effets surpuissants très utiles lors des combats. Mais elles sont très rares, et s’il existe des moyens d’assurer leur génération avec les emblèmes, leur rareté va varier entre 1 et 5 étoiles, rendant ces dernières particulièrement complexes à obtenir. Ensuite, il faut les améliorer en débloquant des doublons, ce qui coûte cher, tant en payant qu’en jouant gratuitement.
Et c’est bien là tout le problème du jeu. Défaut soulevé depuis les premières Bêta, la boutique de Diablo Immortal est un passage obligé pour qui veut optimiser son personnage. A l’heure actuelle, il faudrait dépenser environ $100 000 (calcul réalisé par un utilisateur Reddit) pour pouvoir obtenir et améliorer ses gemmes au rang maximum. Un prix indécent qui a révolté de nombreux joueurs, mais qui est en vérité assez utopique puisqu’il ne prend pas en compte l’Éveil des légendaires.
Car s’il est effectivement possible d’accélérer le processus d’optimisation en dépensant de l’argent, rien n’oblige à le faire. En revanche, pour utiliser le système de l’éveil, un composant unique est nécessaire. Et ce dernier se trouve chez le marchand de matériaux pour la modique de 1 000 Orbes éternels, soit à peu près 17€. Seulement, bloquer un outil aussi essentiel derrière une véritable transaction monétaire est un énorme problème. Outre le fait de se couper d’une partie des joueurs avec ce choix, il n’est pas normal de n’avoir aucune possibilité d’obtenir ces Échos naissants en jouant.
Diablo Immortal n’est pas Diablo IV
C’est quelque chose que beaucoup ont du mal à oublier lorsqu’ils se lancent dans l’aventure. Diablo Immortal est un produit pensé pour les joueurs mobiles, et reprend donc tous les codes de ce genre de jeux. De nombreuses notifications, souvent gênantes, vous inviteront à revenir de manière régulière pour accomplir un nouvel objectif. Mais les différents freins mis en place concernant le farming ou le gain d’expérience en sont également un bon rappel. Contrairement à ses prédécesseurs, jouer pendant 10 heures d’affilée n’est pas la bonne méthode, et ceux ayant déjà atteint le niveau maximum s’en sont vite rendu compte. C’est une expérience pensée sur le long terme, et qui se prête à de courtes sessions journalières.
Malgré son arrivée sur PC, il n’est pas question d’un nouveau titre qui viendra supplanter la licence principale. Le niveau de Parangon de royaume est particulièrement intéressant en ce sens, limitant drastiquement la progression de ceux voulant aller trop vite, et aidant ceux n’ayant pas touché au jeu depuis un moment. Cela renforce le côté social recherché par le jeu mobile, avec l’introduction des clans et troupes de guerre. Mais c’est surtout avec l’arrivée de donjons et raids réalisables uniquement en groupe de 4 et 8 que cet aspect communautaire transparaît.
Diablo Immortal n’est pas un Diablo. Ou tout du moins il n’est pas celui que les joueurs attendaient. En s’invitant sur mobile, la licence montre qu’elle est encore capable de s’imposer face à d’autres jeux essayant de copier son style. Il n’en est pas parfait pour autant, mais reste une excellente introduction à l’univers mobile pour Blizzard. Pour ceux qui veulent se défouler de temps en temps sans trop s’investir, c’est un jeu qui peut être plaisant. Toutefois, la monétisation reste à revoir, surtout lorsqu’elle s’impose pour optimiser son personnage.
Le bilan du test
Un ARPG mobile dans l’univers de Diablo, bourré de micro-transactions
Loin d’être parfait, Blizzard montre que son association avec NetEase n’a pas été vaine. Diablo Immortal n’est clairement pas le jeu que les fans de la licence attendaient, mais il n’en reste pas moins un produit qualitatif sur mobile. Son portage PC est encore trop capricieux pour vraiment être pris au sérieux, mais cela devrait se régler avec le temps. La seule véritable ombre au tableau est le modèle économique, toujours aussi malsain, et qui force l’utilisation du porte-monnaie arrivé en endgame.
Les points forts
- Une prise en main facile et agréable
- Du contenu en quantité pour un début
- Très fluide sur mobile
- Assez plaisant sur de courtes sessions
- Une personnalisation assez poussée pour un Diablo
Les points faibles
- Un portage totalement raté sur PC
- La progression limitée par des barrières
- L’expérience assez différente d’un Diablo traditionnel
- Des micro-transactions omniprésentes et parfois obligatoires