Test de Dice Legacy : La survie par la gestion du hasard
Un city builder où tout n'est que question de dés et de survie à un environnement hostile.
Qu’est-ce qui se passe si on mélange un city builder avec une composante de survie, une pincée de stratégie, des dés, le tout dans un monde circulaire ? C’est à peu près la question qui a du se poser chez Ravenscourt et DESTINYbit pour la création de Dice Legacy, à l’honneur de ce test. Une recette bien plus intrigante que le nom du jeu en lui même, mais diablement efficace dès les premières minutes du jeu.
Ce test de Dice Legacy a été réalisé avec une clé fournie par l’éditeur.
Tout commence lorsque votre navire échoue sur la plage d’un étrange monde en forme d’anneau. Là, vous découvrez quelques ruines et un bâtiment à construire. Le tout avec des symboles que l’on retrouve également sur les dés qui sont à votre disposition. Car c’est là la mécanique principale du titre. Les personnages que vous contrôlez sont ici sous forme de dé. Chacune de leur face représentant une action qu’ils peuvent effectuer : construire un bâtiment, récolter des ressources ou par exemple explorer les environs.
Ainsi, la prise en main est très intuitive. Vous identifiez des symboles sur la carte pour récupérer nourriture, bois ou autre ressource vitale, et lancez vos dés pour les envoyer travailler. Une fois une action effectuée, la face est grisée, et il faut relancer le dé pour l’utiliser à nouveau. Sauf que le lancer consomme de sa durabilité, matérialisée par un chiffre en-dessous de lui dans l’inventaire. Elle débute à 16, et si vous lancez un dé quand il est à 0 il est définitivement perdu. Il faudra donc jongler avec la durabilité et les actions disponibles pour faire progresser votre campement, tout en envoyant les blessés à l’auberge pour restaurer une partie de leur endurance.
Préparer sa survie
De là, vous commencez à appréhender l’univers qui vous est proposé. Il vous faut du bois, de la pierre et du fer pour construire des bâtiments. Mais entre la gestion de l’aléatoire des lancers et les aller-retour sur les sites, vos dés perdent en durabilité. Problème, il vous faut de la nourriture pour les soigner. Direction les rares terrains de chasse pour en récupérer, avant le passage obligé vers les champs de blé. Une fois récolté, vous devez passer par le moulin pour le transformer en nourriture, et ainsi de suite. La boucle de gameplay est à la fois simple et complexe. Elle représente un schéma classique, mais plongée dans un océan d’informations qui peut effrayer sans jamais étouffer.
Dans quelle direction faut-il aller ? Quel bâtiment serait le plus intéressant à construire désormais ? Est-ce vraiment nécessaire d’accumuler autant de pierre alors que les stocks de nourriture sont au plus bas ? Fort heureusement, pour vous soulager un peu lors de votre première partie, le mode didacticiel vous indiquera les prochaines étapes majeures sur votre route. Cela ne vous mâchera jamais le travail, mais vous aurez un but clair pour avancer.
Et cela tombe bien, car l’hiver est bientôt là, et va tout chambouler. Les champs de blé ne produisent plus rien, et vous devrez donc tenir avec vos stocks en attendant le retour des beaux jours. Pire encore, vos dés peuvent désormais geler, devenant inutilisables jusqu’à la fin de l’hiver. Vous pouvez bien construire un générateur de vapeur pour remonter la température à proximité, mais il consomme du bois pour fonctionner. L’autre option étant de dégeler les dés à la brasserie, sauf que cela demande du blé pour produire de la bière et l’alimenter. Et là le drame, puisque vous aviez besoin du blé pour faire de la nourriture et soigner votre groupe.
Dense et intense
Cette tension latente vous accompagnera pendant le reste de la partie. A peine vous commencez à explorer un peu les alentours et agrandir votre campement que vous faites votre première rencontre hostile. Si vous n’envoyez pas des dés d’attaque à leur encontre avant le temps imparti, ils détruiront vos bâtiments ou feront circuler des maladies parmi vos personnages. Plus ennuyeux encore, « les Autres » reviendront régulièrement tant que vous n’aurez pas trouvé – et détruit – leur origine. Une situation toujours tendue qui n’est pas aidée par une vue de dessus parfois brouillonne.
Il est ainsi facile de perdre de vue un bâtiment, pas spécialement différenciable de ceux qui l’entourent et le cachent. Plus gênant encore, certains événements passeront régulièrement inaperçus. Que ce soit des attaques – indiquées à leur départ par un léger signal sonore – ou l’apparition de campements alliés avec lesquels vous pourrez interagir. Puisque vous avez souvent la tête sous l’eau, à gérer crise sur crise, vous risquez fortement de rater des choses et de détériorer votre situation.
Mais, bonne nouvelle, avec toutes vos ressources vous pouvez débloquer de nouvelles classes de dés, et ainsi avoir accès à de nouvelles actions. Les Citoyens obtiendront du savoir, indispensable pour déverrouiller l’arbre technologique. Les Soldats sont quant à eux conçus pour vous défendre et piller les campements inconnus. Tandis que Marchands et Moines auront eux aussi leur gameplay à part.
Un océan de possibilités
Une partie de Dice Legacy se découpe ainsi. Vous devez planifier vos ressources, préparer votre avancée vers les Autres, jongler avec la composition de votre groupe, et assurer le développement technologique de votre campement. Améliorer et fusionner vos dés pour les rendre plus forts. Le tout en survivant à l’hiver, aux assauts ennemis, et en faisant plaisir à votre peuple. Chaque classe représentée dans votre groupe a ainsi sa jauge de bonheur, qui varie selon vos actions.
Car il n’y a que deux issues possibles à chaque partie. Soit vous tombez à court de dés (ou la révolte de vos classes mécontentes vous emporte), soit vous parvenez à atteindre et détruire le campement des Autres pour l’emporter. Et il faudra toujours employer la force pour cela, rendant rapidement les fins de game répétitives.
Enfin, comme dans tout city builder, la question de la rejouabilité se pose. Dans Dice Legacy, vous serez toujours dans le même monde circulaire. L’emplacement des campements et ressources variera légèrement, mais sa structure restera globalement toujours la même. La lassitude pourra donc vous gagner et vous repousser du titre.
Il y a bien différents scénarios – ils sont au nombre de six – qui vous sont proposés, et ils changeront quelques bases de l’univers. Un hiver éternel, moins de ressources à votre disposition ou encore un inventaire de dés limité à 6. Même s’ils vous forceront à adapter votre gameplay et vos premiers pas, la finalité restera identique. Il en va de même avec les différents régents que vous pouvez incarner, qui changeront votre équipe de départ. Pas de quoi révolutionner les parties, et c’est dommage car on aurait aimé des histoires vraiment différentes, dans une autre carte ou avec une fin alternative pour nous faire replonger encore et encore dans un jeu si prenant.
Le bilan du test
Un excellent concept qui aurait aimé plus de possibilités
Dice Legacy part d’un concept en apparence simple et crée un gameplay complet et prenant. Une partie s’enchaîne à une vitesse folle, en tension constante devant son rythme effréné. Malgré une avalanche d’informations qui peut rebuter au premier abord, le jeu mérite qu’on lui accorde toute son attention. Il ne lui manque qu’une meilleure rejouabilité pour être la parfaite pépite sur laquelle on revient incessamment pour découvrir de nouvelles choses et tout débloquer.
Les points forts
- Un concept prenant dès les premières minutes
- La tension latente au fil des minutes
- Une boucle de gameplay simple en apparence et diablement efficace
- Le système de saisons pour apporter du rythme
- L’éventail de possibilités avec les dés
Les points faibles
- Les parties se terminent souvent de la même manière
- La vue de dessus qui manque parfois de lisibilité
- Le monde quasiment identique à chaque partie
- Une rejouabilité minime en dehors des scénarios