Test de Eternights, un flirt apocalyptique
L'amour existe-t-il à la fin de tout ?
Et si trouver l’amour sur une application de rencontre provoquait un cataclysme ? Même si l’on espère que cela n’arrivera pas, c’est de cette façon qu’Eternights introduit son univers. Horreur, tristesse et mélancolie se mélangent au bonheur, à l’innocence et aux émois des premiers amours sur fond de fin du monde. Un préambule très alléchant, pour un résultat qui reste un peu trop sage.
Ce test de Eternights a été réalisé sur PC avec une version fournie par l’éditeur.
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Alors qu’il vient tout juste de s’inscrire sur une nouvelle application pour tenter de mettre fin à son célibat, le jeune étudiant que l’on incarne se retrouve pris au milieu d’une apocalypse. Un bon prétexte pour l’envoyer dans des bunkers aménagés où il pourra y retrouver son ami Chani, puis, par la force des événements, l’idol que ce dernier adule, Yuna. Le trio de base ainsi formé, l’aventure peut enfin commencer.
Une mission pas si pressante
Dans ce monde au bord du précipice, les monstres ont pris le contrôle des rues. Provoquée par l’inimitié entre deux divinités, la fin du monde est sur le point de mettre un terme à la civilisation. Dépêché par l’une de ces entités divines, le protagoniste doit l’empêcher coûte que coûte. Et cela dans un laps de temps très court, puisque le sablier s’écoule entre chaque action du joueur. Une épée de Damoclès qui se veut pressante, nous obligeant à bien planifier chacune de nos sorties pour avancer, trouver de nouveaux compagnons et nouer des liens avec eux. Tout un programme qui va s’accompagner d’humour, parfois lourd, de joie et de tristesse.
Les émotions sont au centre d’Eternights. Elles sont à la base de son récit et constamment mises en avant lorsque l’on participe au visual novel qui compose sa partie romance. Chaque personnage voit sa personnalité développée selon des sentiments qui vont le définir. Et ce sont des éléments qui se répercutent directement dans l’autre partie du jeu, l’action-RPG, où leurs compétences ont un lien avec leur personnalité. Il faudra cependant trouver le temps de développer ces relations avant l’apocalypse.
Et c’est ici que ça coince. Le compte à rebours avant la fin de tout est totalement négligeable. Entre chaque partie majeure du scénario, plusieurs jours sont offerts pour renforcer les liens entre les compagnons et partir à l’assaut des murs de la ville. En choisissant d’affronter la menace en premier, il n’y a pas à se soucier des conséquences d’une défaite. Les sauvegardes trop fréquentes dans les rues permettent de réessayer sans répercussions négatives sur le calendrier bien serré de ces héros d’infortune. Ainsi, on part au combat la première matinée, ce qui nous laisse plusieurs jours de libres pour en apprendre plus sur nos alliés.
Le pouvoir divin de l’amitié
Cette fin du monde permet au protagoniste et ses alliés de profiter de pouvoirs surnaturels offerts par la divinité mystérieuse. Alors que l’avatar du joueur, dépossédé de son bras, se voit affublé d’un membre qui peut prendre la forme qu’il souhaite, ses alliés bénéficient plutôt de compétences de soutien. Soin et renforcement sont de la partie, même si certains personnages auront droit à une capacité offensive pour nous épauler. Mis bout à bout, tout cela offre une grande variété de combinaisons tout au long du jeu, sans pour autant surcharger le joueur de touches.
Et pour cause, le protagoniste ne possède que 5 actions dans son arsenal. Son attaque de base, son attaque lourde, son esquive, son coup final et son attaque élémentaire. Les deux dernières ne peuvent être utilisées que sous conditions, tandis que l’attaque lourde est bien trop lente. Pour des combats aussi nerveux, on se contente donc de deux touches, en attendant que le jeu affiche en plein milieu de l’écran qu’un coup final ou une attaque élémentaire est disponible. Au final, tout repose essentiellement sur l’esquive. Cette dernière permet de ralentir le temps afin de placer un combo complet sur un ennemi. C’est de loin la méthode la plus efficace pour venir à bout des combats.
Mais ce ne sera pas suffisant pour les boss, qui profitent d’un bouclier élémentaire ne pouvant être détruit qu’avec la bonne combinaison. Et c’est là qu’interviennent nos alliés, rendant tout cela possible grâce à leurs pouvoirs. Entretenir de bonnes relations avec eux est donc essentiel afin de renforcer ces compétences et ne pas s’éterniser dans les affrontements. Si cela permet d’étoffer un peu le gameplay, reste que l’on tourne vite en rond, à appuyer machinalement sur les mêmes boutons du début à la fin.
Nouer des liens avant la fin
Avant d’être un jeu de romance, Eternights est surtout un jeu sur les relations humaines. Au fil de l’aventure, l’équipe va s’étoffer avec de nouveaux personnages rencontrés dans les rues. Il viendront épauler le trio de base et offrir de nouvelles histoires au protagoniste. Toutes les interactions que l’on a avec eux permet de créer des liens et les renforcer. Il ne s’agit pas de flirter à tout bout de champ. Leur parler permet d’en apprendre plus à leur sujet, les connaître et s’y attacher. Pour chaque option de dialogue choisie, le protagoniste va ainsi gagner courage, confiance, acceptation ou expression, ce qui rendra plus simple ses prochaines approches. Il est même possible d’accompagner ses amis à travers la ville pour leur trouver des objets dont ils ont besoin ou envie.
Mais tout cela sonne vite assez creux et montre surtout les ficelles qui s’agitent derrière cet univers. Qui que soit la personne en face, il faudra toujours procéder de la même manière pour nouer des liens. On leur parle, on atteint le rang de relation supérieur ce qui débloque une scène, puis on recommence. Tout ça jusqu’à ce que, au palier du troisième rang, Chani déboule en plein milieu d’une conversation. Pas une relation ne fait exception, et c’est bien dommage. Au lieu de nous immerger dans un monde au bord de l’écroulement, cela ne cesse de nous rappeler qu’il s’agit d’un jeu, et rien de plus.
Malheureusement, cette redondance mécanique est loin d’être la plus grosse ombre au tableau. Pour un titre qui se concentre sur les relations humaines et leur évolution, on ne peut pas dire qu’il aille bien loin dans leur histoire. Tous les personnages rencontrés sont attachants ou marquants pour une raison. Mais une fois le stade de la rencontre et des premières discussions passées, il n’y a plus que du vide. Les personnages n’ont plus rien à raconter, deviennent superficiels, voire agissent aux antipodes de leur personnalité.
Une étincelle qui ne s’enflamme jamais
Le jeu de Studio Sai ne manque pas d’idées, loin de là, et le résultat reste impressionnant pour une équipe réduite. Malgré tout, c’est assez dommage de voir un tel potentiel se contenter de gratter la surface sans jamais aller au fond des choses. Pour tout ce qu’il fait de bien, il lui manque toujours un petit quelque chose pour briller. Un petit plus qui lui permettrait de sortir du lot et s’affirmer. Car au final, c’est bien de ça dont souffre le plus Eternights, il n’exprime pas sa propre personnalité.
Que ce soit son écriture ou sa réalisation, tout est en dents de scie. Tantôt les blagues feront mouche, tantôt elles seront lourdes et sans aucune finesse. Lorsqu’il joue avec le mignon, on peut être certain de trouver quelque chose de dérangeant par la suite. Tout cela le mène à côtoyer à la fois le bon et le mauvais, même à quelques secondes d’intervalle. Certaines situations sont mêmes désamorcées par des interventions inutiles qui empêchent toute immersion.
De ce fait, il regorge de moments fades dont il n’y a rien à tirer au fil de l’aventure. Les rares moments où il s’exprime librement sont étouffés par cette vacuité ambiante qui traîne çà et là. On aurait aimé voir un jeu qui impose sa vision quitte à être plus court, qui se dissocie bien plus de ses inspirations, et notamment de la série Persona, pour appuyer ses forces. Mais ce ne sera pas avec ce jeu, ou pas sans une version retravaillée, que l’on trouvera une romance apocalyptique enivrante.
Le bilan du test de Eternights
De bonnes idées, jamais vraiment exploitées
Difficile de ne pas être tiraillé avec Eternights. Les idées sont là, avec des combats dynamiques qui offrent un bon défi et une histoire aussi belle que tragique. Mais on ne va jamais plus loin, le jeu reste sage, reprend les codes de son genre sans jamais se les approprier. En résulte des moments aussi insipides et puérils qu’épiques et engageants, le tout saupoudré d’une course contre la montre plutôt inutile. Une dichotomie constante qui finit par éreinter avant que l’on n’en voit le bout.
Les points forts
- Une histoire très prenante…
- Les personnages sont attachants…
- Des combats attrayants et exaltants
Les points faibles
- … Mais qui peine à être pressante
- … Au début de la relation seulement
- Un gameplay qui manque d’ambition
- Des blagues parfois trop lourdes