Test de Pizza Tower, unique, héritier, déjanté
Pizza Tower vous plonge dans une ambiance déjantée au gameplay toujours plus frénétique et addictif, sans graisse ajoutée.
Dans le monde du jeu indé américain, Pizza Tower était un pilier avec sa petite communauté. Des premières images en 2018 jusqu’aux versions de test, il a connu une bonne épopée. Le gradient d’évolution est très fort, chose classique pour de l’accès anticipé. Mais que vaut-il sur son gameplay maintenant ? On revient sur le rendu final du Wario Land-like visant encore plus loin dans le bizarre.
Ce test a été réalisé avec une version commerciale
Livraison réussie pour Pizza Tower ?
Si vous aimez les petites pépites tournant sur un grille-pain, il semblerait qu’internet fasse à nouveau des merveilles. Pizza Tower est un platformer 2D, héritier des Wario Land, au style unique entre cartoons des années 90 et basse résolution. Il reprend par ailleurs le format du quatrième opus de la série de Nintendo, mettant en avant une frénésie démoniaque en tous points. On court partout, sans arrêt, en s’en prenant méchamment aux pauvres créatures croisant notre passage. Une formule qui semble fonctionner selon les premiers retours de la page Steam et malgré une petite communication, le titre fait son petit bout de chemin.
Ainsi, le jeu se base sur une boucle de gameplay très simple et pourtant, plus 20 ans plus tard, indémodable. Vous entrez dans un monde, trouvez moult secrets sur le passage, activez le mécanisme de retour puis fuyez jusqu’à la sortie. Pizza Tower ajoute son grain de sel au niveau du gestion de combo, augmentant l’aspect déjanté en particulier lors d’une découverte totale de l’environnement. Votre patience devra alors gérer les éléments de décor, les monstres, le temps, les objets à collecter, les transformations, tout en courant à 100km/h et sous pression de la fin du niveau. Et le tout, en admirant un peu le travail effectué sur chaque recoin parcouru.
Une pâte riche et complète
Tour de Pizza, le studio comprenant surtout un développeur principal pour le jeu, fait ici carton plein. On repassera par contre sur l’originalité du nom de ce dernier ; nous ne l’avons pas traduit. Il annonce au moins la couleur. La boucle de gameplay est solide avec une difficulté assez exemplaire. Les niveaux se parcourent de façon fluide, encore plus en sens inverse. Frénésie est un faible mot face à la pression digne d’une cocotte minute que le compte à rebours applique.
Votre personnage, Peppino, pizzaiolo un peu enrobé et dément,
est une bombe à retardement en lui-même, toujours au bord de la
rupture d’anévrisme. Cependant, ses mouvements, bien que
chaotiques, deviennent rapidement logiques clavier (ou manette) en
main. On se retrouve avec un résultat si cohérent qu’il devient
(sans surprise) digne de Big N, en partie grâce aux nombreuses
années de playtest. Se prendre des murs et obstacles sera fréquent,
sans pour autant être frustrant. Et puis, au fond, on appréciera un
peu voir notre plombier pizzaiolo italien réagir aux
différents coups, volontaires ou non.
Malgré une petite durée de vie, le jeu tirera assez bien votre main pour revenir et récupérer les éléments loupés lors de votre premier parcours. Les plus doués s’en tireront plus rapidement, les autres devront reparcourir les niveaux pour débloquer les Boss de chaque étape. Au final, moins d’une dizaine d’heure suffisent pour faire le tour. Il sera néanmoins possible d’étendre ce temps avec l’optionnel 100% (hors succès Steam) et les grades P/S. Ces derniers sont notablement plus exigeants, à mille lieues de ce que Pizza Tower peut attendre de vous dans l’aventure principale.
L’inévitable comparaison avec les Wario Land arrive alors, largement mise en avant dans la page Steam par ailleurs. Évidemment, celle-ci est tout à l’honneur de Tour de Pizza. Une même logique de construction des niveaux s’opère entre les deux franchises, en volant un peu d’éléments issus de chez Sonic. La suivre récompense côté joueur par la découverte de secrets. L’exploration des environnements, pourtant 2D et assez linéaires, se fait efficacement, avec une prédiction des obstacles en « mach max ». Après un retour comparatif (et de nostalgie) sur Wario land 3 et 4, Pizza Tower ne perd lui jamais le joueur dans un niveau et reste toujours clair dans ce qu’il doit faire. Et pourtant, il sera impossible de maitriser parfaitement le flow d’un niveau lors des premiers essais. On a ici le droit à un équilibrage particulier, puisant finalement très peu dans la frustration du joueur (et bien plus dans celle de Peppino).
L’ambiance en garniture
Les graphismes sont sans doute le point qui peut rebuter le plus ici. Ils définissent d’une solide marque indélébile Pizza Tower avec une direction artistique tranchante. D’une part, le jeu tire beaucoup des cartoons des années 90. Ainsi, on pourra ressentir du Courage le chien froussard ou Ren et Stimpy dans les expressions faciales de certains personnages ou les différents cris, en plus pixelisés. En effet, d’une autre part, vient la partie basse résolution. Les lignes de contour semblent dessinées sous Paint puis approximées pour donner ces formes très irrégulières. C’est un style graphique unique et qui ne dessert pour autant pas l’ambiance.
Au contraire, il permet de déployer sans contraintes les expressions et animations. Ces dernières sont par ailleurs omniprésentes, peu importe vos actions. Un travail de fourmi que cela soit pour Peppino Spaghetti ou les boss de chaque étape. On ne boudera pas aussi les nombreuses « émissions » se jouant dans la télévision de combo, ne s’affichant parfois que pour une demi frame.
Du côté du level design, celui-ci se joint parfaitement à la boucle de gameplay. Il puise dans une très belle créativité et joue sur les références/le thème de la Pizza sans modération. Il en devient souvent outrancier, ne reculant devant aucune occasion pour rajouter une couche (de sauce tomate). Par la direction graphique, les niveaux partagent individuellement une nouvelle expérience assez différente. L’exploration y est naturelle et permet un apprentissage progressif des patterns, pour comprendre les secrets par exemple. 90% de Pizza Tower est accessible sans ouvrir le moindre guide sur Internet avec tout même 10% restant qui vous feront perdre patience.
Dernier pilier du pôle ambiance : les musiques ; et elles ne déçoivent pas. Une impressionnante liste est disponible, explorant moult genres, tempo, échantillons sonores et idées pour compléter le visuel déjà bien déjanté. Pour les amoureux de Wario Land 4, l’idée est ici la même et des petits extraits sont portés directement des pistes de l’un à l’autre. Alliant le bizarre à l’extrême à la musique pop, vous appliquant la pire des pressions, c’est un un sans faute do à do.
Et une maîtrise de la cuisson
Chaque niveau présente, malgré une structure générale qui peut apparaître comme redondante, sa propre mécanique. Celle-ci se lie à tous les points précédents pour consolider l’expérience de jeu. Par exemple, Don’t Make a Sound est une référence assez explicite aux jeux d’horreur indépendants. Selon votre temps devant une caméra, des créatures vous poursuivent, avec un retour au début si elles réussissent à vous toucher. Certains riront face au grotesque de la représentation, d’autres auront sans doute un peu plus de mal avec les quelques jumpscares (tous largement évitables).
Prendre du plaisir reste toutefois un critère essentiel et Pizza Tower en propose sans qu’on ne lui demande. La précédente mécanique est ainsi explorée de plusieurs façons durant le niveau, parfois inconnues pour un joueur lors d’un premier parcours. Il est possible de provoquer les caméras pour accélérer le décompte ou sciemment activer les poursuites pour éviter d’attendre certains accès. Enfin, en tant que grand final, Peppino se saisit d’un magnifique fusil à pompe. Lors du retour frénétique au début de niveau, on peut alors se déchaîner sur les machines jusqu’alors mortelles. Chorizo sur la pizza, toutes les annihiler nous récompense d’un petit succès.
Le jeu nous résiste ainsi de la meilleure des façons : par l’apprentissage de son fonctionnement. Chaque étape, que cela soit au sein d’un environnement ou par les mouvements, est récompensée sur le court et long termes. Mention notable aux provocations qui permettent d’esquiver les coups, tuer les ennemis et gagner quelques points une fois devant la sortie. Ces derniers s’ajoutent parfaitement à un set déjà bien complet, fluide malgré les vitesses hallucinantes dans certaines sections.
Le bilan du test de Pizza Tower
Pizza Tower est un jeu indépendant voulant imiter les plus grands. Puisqu’il n’est pas drôle, il réussit haut la main. Tour de Pizza offre une expérience unique, amusante, déjantée et sur la fin exigeante, tel un vieux jeu de Game Boy Advance. Un peu court en le parcourant en une seule fois, il délivre toutefois une envie délirante d’en découvrir plus. On dérape à grande vitesse dans les différents niveaux, tout en faisant face à l’immense quantité de détails délivrés à la fois par le level design et la direction artistique.
Les points forts
- L’ambiance unique et déjantée
- Un level design aux petits oignons
- Une profondeur folle pour un plateformer 2D
- Une boucle maitrisée
- Mieux que Wario Land
Les points faibles
- Les apparences peuvent rebuter
- La durée de vie
- La difficulté du 100%
Pizza Tower est disponible sur Steam au prix de 19€50. Ce prix sera prochainement réduit pour s’aligner sur les monnaies internationales.