Test de Sonic Colors Ultimate : Un portage en dérapage non contrôlé
Sonic Colors Ultimate propose un remaster sur consoles modernes d'un opus Wii négligé. Mais est-il réhabilité par SEGA pour autant ?
Après la déception qu’a été Sonic Forces, il semblerait que Sega veuille temporiser un peu avant l’arrivée du prochain grand projet de la série avec Sonic Colors Ultimate. Et quoi de mieux qu’un portage d’un épisode assez oublié pour marquer l’anniversaire du hérisson tout en proposant de quoi courir sur consoles next-gen ?
Ce test de Sonic Colors Ultimate a été réalisé avec une version Physique fournie par l’éditeur.
Sonic Colors : Pas le meilleur, mais un bon jeu
Avant de commencer, il est important de souligner la plateforme pour ce test. En effet, il s’agit de la version physique Nintendo Switch du jeu, en mode portable & docké. Ce n’est clairement pas de la forme optimale du jeu. Toutefois, elle permettra d’avoir une qualité minimum à comparer au Sonic Colors sur Wii.
Un petit pas dans la série Sonic
Sorti initialement en novembre 2010, Sonic Colors est un épisode de la série qui n’est pas toujours reconnu à sa juste valeur. Bien que très semblable à Générations, il est beaucoup moins reconnu et apprécié, même par rapport à d’autres comme Unleashed. Tout comme ces derniers, il élabore sur le gameplay « boost » moderne entre niveaux 2D et 3D. Plus condensé sans son histoire et ses enjeux, le jeu semblait coincé sur sa console, la Wii. (on ne parlera pas de la version DS).
En effet, malgré ses nombreuses améliorations, celui-ci est en réalité un Sonic Unleashed sans la partie nuit. On y retrouve les mêmes assets, temporisant avant Générations en 2011 et sa célébration de l’univers Sonic Quoi de plus logique pour Sega de ressortir cet opus, à la fois pour faire patienter les fans avant le prochain gros projet en 2022, et réhabiliter un épisode trop souvent négligé.
Un opus oublié pas mauvais…
Sur tous les points, Sonic Colors est un « Sonic moderne » classique, alliant passages 3D et 2D au fil d’une aventure assez linéaire. La musique et le level design sont soignés, avec une belle diversité visuelle. On appréciera les décors industriels de la Planète Wisps aux Aquariums japonais et autres décors nous faisant rapidement oublier la partie centrale : un parc d’attraction. Par les différents planètes, certains pensaient à une très grosse inspiration « Super Mario Galaxy » de l’équipe de développement. Des années après, le constat est tout autre et bénéficie au contraire à l’ambiance autant graphique qu’interactive. Finalement, on ne pourra que se réjouir de cette similarité tant les idées sont intéressantes. Certes, elles sont désormais moins fraîches, mais toujours plaisantes.
Côté twist de gameplay, les Wisps sont un bon ajout et permettent de diversifier le parcours souvent redondant sur les précédents opus des niveaux. Du Laser au Cube en passant par Epine, l’exploration des environnements prend une nouvelle tournure souvent bien plus intuitive qu’à pied. Petite nouveauté avec l’édition Ultimate, Jade. Ce Wisp qui permet de passer outre la majorité des obstacles et d’en découvrir plus sur les environnements (quitte à casser le jeu et aller là où nous ne sommes pas supposés être).
Outre l’aventure principale, vous pourrez également au fil des Anneaux Rouge débloquer des niveaux supplémentaires dans le Game Land d’Eggman. Il s’agit surprenamment d’une des meilleures idées et sans doute la plus appréciable, proposant de faire des petites pauses quand le jeu nous lâche dans les mains (on y reviendra). Le design rappellera à certains « Hamsterball » et le mini-mode propose des niveaux plus concis, pseudo-multijoueur, plus centrés sur une mécanique. Ils ne sont pas exempts des habituels soucis de la formule Sonic, mais on prendra volontiers ces courts niveaux bonus.
… mais pas exempt de problèmes
Bien évidemment, depuis quelque années, un running (ahah) gag côté jeux Sonic est leur imperfection relative. Depuis la série des Adventures, la mascotte bleue a du mal à se trouver et créer un gameplay viable et identifiable. Un problème récurrent notamment est l’incitation à la vitesse. C’est l’esprit pur du hérisson. Pourtant, on est encore trop facilement puni à cause de cela. Que cela soit trous mal placés, mauvaises indications, survitesse ou murs à peine trop hauts, les niveaux appliquant pleinement la liberté d’accélération sont rares.
A cela s’ajouter un problème majeur : le double saut. La plupart des obstacles sont calibrés pour une hauteur précise et on se retrouve trop souvent à racler les bords avec la position saut mural, surtout après un boost. Cette dernière ne poserait pas tant problème si Sonic était un peu plus agile ou ne glissait pas plusieurs secondes une fois sur le mur. Après plusieurs jeux à se faire la main, il est irritant de constater que l’équipe de Sega base toujours le design des niveaux sur la vitesse maximale possible et pas l’inverse.
Globalement, le Game design nous fait régulièrement se demander si l’équipe de développement a vraiment prévu la situation dans laquelle on se trouve. Par exemple, rendre totalement invisible Sonic quand il subit un dégât ou l’invulnérabilité du boost qui s’arrête avant la fin de son effet visuel. Le plus énervant sera sans doute l’auto-aim s’activant dans les pires moments si un ennemi est mal placé, vous téléportant d’un bout de l’écran à l’autre.
Si le jeu pêche sur la vitesse, il arrive aussi très souvent qu’il se plante côté lenteur. Beaucoup trop de sections sont pensées pour faire ralentir, à des moments pourtant agréables. Pire, Sonic Colors exacerbe les passages en autocontrôle, que ce soit partiellement sur rails ou totalement sur plusieurs secondes. les deux deviennent très vite lassant voire frustrant à force de retry des niveaux pour les anneaux rouge.
Première conclusion
Globalement, Sonic Colors est de base un jeu très simple sans vraie courbe de difficulté mais se faisant avec plaisir. Il est linéaire, avec des boss assez oubliables et une disparité de durée entre les niveaux, tout en proposant une expérience fun, moderne et expresse pour la franchise. Certes, le résultat n’est pas parfait et ne vaut pas un Super Mario Galaxy… sauf que ce n’est pas ce que l’on lui demande. On veut aller vite, « faire des trucs cool » et s’amuser avec cerveau débranché. Dans ce cadre, c’est pari quasi-réussi.
Sonic Colors Ultimate – Un remaster service minimum
Bien sûr, il est beau de parler d’un jeu qui a plus de 10 ans, mais il est tout de même mieux de s’intéresser à la motivation derrière celui-ci. Et sur ce point, Sega nous montre encore une fois à quelle point les jeux Sonic peuvent être décevants.
Des ajouts qui laissent à désirer
Premier constat assez notable : Les nouvelles fonctionnalités brutes ne sont pas si nombreuses, et les améliorations de gameplay encore moins. Sonic Colors Ultimate apporte une refonte du système de vie, les remplaçant par des « Sauvegardes Tails« . Ces dernières ne vous sauvent pas de tout et ne concernent principalement que les chutes dans le vide. Vous réapparaitrez alors plus proche de votre mort et pas sur le précédent checkpoint. C’est donc quelque chose qui existe, sans que cela n’ait vraiment été nécessaire par rapport à l’édition classique.
En parlant de « collectibles« , un nouveau type sera disponible dans tous les niveaux. Leur présence n’est pas indispensable et vous pouvez même en récupérer sur l’écran de fin de stage, en récompense à peine jetée à la figure. Ces jetons permettent de récupérer des cosmétiques divers dans un menu à part. Si la modification de l’animation de trace de course est bien pensée, la grande majorité des cosmétiques est risible. N’espérez pas des costumes inspirés de personnages de l’univers Sonic, mais plutôt des couleurs flashy aléatoires sur un simple swap de couleur. A en rire plutôt qu’à en pleurer.
Un mode Metal Sonic à peine digne d’une course de fantôme fait son apparition. Il se débloque après un certain nombre de niveaux et anneaux rouge récoltés, sur un choix réduit de lieux. En pratique, c’est exactement ce que c’est : une course face à un Metal Sonic flottant à peine tangible. Rien de plus, rien de moins.
Plainte à part, certaines musiques du jeu ont été réorchestrées. Les nouveaux remixs sont bien instrumentés, d’autres non. Un problème majeur apparait alors : les options audio sont elles-aussi risibles. Aucune possibilité de choisir les anciennes ou nouvelles pistes spécifiquement et pire, impossible de désactiver les effets sonores indépendamment des musiques. Le contrôle audio parait alors encore plus austère.
Où sont les améliorations graphiques pour Sonic Colors ?
Pour cette partie, il est important de rappeler que notre test se base sur la version Switch de Sonic Colors Ultimate. Une upgrade graphique était attendue mais pas pour de la 4k. En mode portable ou docké, le jeu est donc fluide… ou pas.
En plus d’un « Bloom » omniprésent sur certains niveaux, tout est clairement plus beau sur Wii. Le modèle de Sonic a été modifié et est maintenant trop clair, à l’inverse des environnements qui ont été tous grandement assombris. Ce changement tranche ainsi drastiquement par rapport aux cutscenes au niveau des designs et luminosités. En effet, ces dernières ont été upscale par Intelligence Artificielle. Elles reprennent les mêmes images que la Wii, sans changement, et avec de très gros pixels. On remarquera souvent le grésillement, même sur l’écran 720p de la Switch, rajouté à des bugs de lecture (ci-dessous, un assombrissement aléatoire de l’écran) et des bandes noires se formant sur le bas.
Ces problèmes visuels, parfois non corrigés par rapport à un jeu sorti il y a 10 ans, sont trop nombreux. Les interfaces et effets, par exemple, subissent grandement un manque de recul et de tests. Ici, on devrait pouvoir diriger Sonic via une ligne. Cependant, à cause des changements sur le moteur de luminosité, ce trait est quasiment invisible et indissociable par rapport aux autres effets.
Une beta sans aucun test
« Aucun test« , c’est sans doute ce qui résume le mieux ce remaster de Sonic Colors. Il n’y a eu aucune correction des bugs présents à l’époque et les quelques changements effectués sur les rendus en amplifient parfois certains. Plusieurs fois durant l’évaluation du jeu, celui-ci s’est mis à avoir des gros pics de lags, réguliers, dans différents niveaux, en mode portable ou non. On est loin d’une simple coupure occasionnelle du son.
Les polémiques autour de cette sortie catastrophique ne sont pas des rumeurs. Nous avons subi plusieurs crashs au cours de ce test, couplés à une corruption des données de sauvegarde et un bug visuel très gênant lors du dernier boss. Dès le monde 1, on se rend compte du festival de glitchs. Une question très simple se pose alors : le jeu a-t-il été envoyé à l’équipe Qualité ?
La situation est tellement chaotique en main que Nintendo a proposé de rembourser les acheteurs sur l’eShop. Face à cette grosse chute, la Sonic Team s’est empressée d’annoncer de futurs patchs. L’entreprise a aussi repoussé la sortie physique console au 1er Octobre pour cause de problèmes logistiques. Dans tous les cas, même si vous souhaitez vraiment mettre la main sur le jeu, nous vous conseillons d’attendre un peu.
Le bilan du test
Ultimate rien du tout
Sonic Colors est une consolidation du gameplay « boost » moderne de la série. Cependant, à sa sortie, il n’était pas complet et possédait de nombreux manques. La grande déception est ici de voir que rien n’a été corrigé. Pire, ce remaster introduit de nouveaux problèmes le rendant parfois injouable. Ce test n’a pu être complété qu’avec persévérance sur un niveau avec crash quasi obligatoire. Et ce niveau était le premier du deuxième monde. Passez votre tour, attendre un patch n’est pas une raison valable d’acheter et ne corrigera pas l’ensemble branlant de ce qui aurait pu être une réhabilitation de l’opus.
Les points forts
- Les Musiques
- Le leveldesign
- Rapide à finir
- Le Game Land d’Eggman
- Sonic en forme Moderne qui fonctionne
Les points faibles
- Un gamedesign parfois incomplet
- Phases de plateformes hasardeuses
- Trop de ralentissements, autant côté FPS que gameplay
- Des boss oubliables
- Un jeu beta-test
- Un remaster sans réel plus-value
- Le jeu ne s’est pas amélioré, et pire, a régressé