Test de Soulstice, une épopée vers le chaos
Les forces du chaos s’attaquent aux Royaumes Sacrés de Keidas, et seule une Chimère peut en venir à bout.
Après s’être attaqué au monde de la réalité virtuelle en 2017 avec Theseus, un titre d’action-aventure inspiré du mythe de Thésée, il était temps pour Reply Game Studios de se pencher sur la prochaine génération de consoles. Et c’est avec Soulstice que le studio s’invite sur PS5 et Xbox Series. Un simili Devil May Cry où les combats sont aussi épiques qu’exaltants, enrobés d’une histoire touchante.
Ce test de Soulstice a été réalisé sur PC avec une version fournie par l’éditeur.
Il était une fois deux sœurs, une chimère
Enfermés derrière le Voile séparant les mondes, le Chaos et ses sbires cherchent à envahir le royaume des Hommes. Mais lorsque ces spectres parviennent à le traverser, l’humanité ne peut plus compter que sur une seule chose : les Chimères. Façonnées par l’Ordre, elles sont des guerrières hybrides nées de l’union de deux âmes. Et lorsque la situation devient critique, ce sont Briar et Lute, deux sœurs formant la Chimère la plus instable, qui sont envoyées pour résoudre le conflit. Avec une telle introduction, pas de doute possible, on est là pour massacrer tout ce que l’on peut.
Très vite, on apprend que les deux sœurs sont mises à l’écart, repoussées par leurs pairs. N’ayant pas encore fini leur formation, ni la pleine possession de leurs pouvoirs, elles s’élancent dans un voyage initiatique vers la fin du monde. Et, comme on pourrait s’y attendre avec un tel événement, tout y est sombre et lugubre. Briar et Lute traverseront la cité d’Ilden, tombée en ruine mais malgré tout toujours aussi imposante.
La mise en scène y est d’ailleurs pour beaucoup. Même s’il s’agit avant tout d’un action-RPG, Reply Game Studios a opté pour une caméra fixe lors de l’exploration. Grâce à elle, à l’instar des premiers Resident Evil, une tension constante se créée. On incarne peut-être la plus grande menace du Chaos, mais ce n’est pas pour autant que l’on est invincible. Des ennemis peuvent se cacher derrière le décor, mais aussi des fragments de vie à collecter ou des défis chronométrés.
Malheureusement, si cette caméra fixe participe grandement à l’atmosphère étouffante du jeu, il lui arrive également de gêner le joueur. Les angles choisis se concentrent parfois trop sur le décor, rendant certains déplacements très difficiles, notamment sur les phases de plateforme. Plus de 20 ans après les débuts de la 3D, c’est assez décevant de se retrouver face à de tels défauts. Mais c’est un problème que l’on ne retrouve pas dans les combats, car le jeu adopte une caméra libre lorsqu’ils commencent.
Un duo hors pair
Au cœur même du jeu, les affrontements sont clairement l’un des points forts de Soulstice. En plus d’être dynamiques, ils sont d’une grande richesse. Munie d’un panel d’armes qui s’étoffe au fil de l’aventure, Briar passe facilement de l’épée à la faux, en passant par les gants de combat. Les combinaisons sont multiples, chaque arme pouvant continuer le combo d’une autre pour inonder les monstres sous l’acier. Elle incarne la force brute que rien ne peut arrêter.
Pourtant, Briar n’est pas seule lors de ses combats, loin de là. Sa sœur, Lute, est un atout essentiel étant donné qu’elle n’est plus qu’une âme. Certains ennemis peuvent se rendre immatériels, et c’est elle qui les force à devenir des créatures physiques en créant un champ d’évocation. Elle offre également une option défensive très puissante puisqu’elle est capable, en appuyant au bon moment sur une touche, de geler un ennemi ou de le déstabiliser.
Mais c’est en travaillant de concert que les deux exploitent leur plein potentiel. A force de combattre, les sœurs accumulent de l’Unité qui renforcent leurs assauts. Lorsque la jauge est au maximum, Briar peut déchaîner cette puissance synergique sur ses ennemis. Ce sont des coups extrêmement puissants, qui nécessitent toutefois de rester prudent. Le moindre dégât encaissé ou le moindre combo raté vient instantanément chambouler cette harmonie.
Cependant, la valeur de la sororité ne fait que croître à mesure qu’elles s’enfoncent dans la ville. Chaque ennemi, ainsi que certains décors, permettent d’amasser des résidus de faille pourpre et cobalt à dépenser pour améliorer les compétences des deux sœurs. Briar en profite pour renforcer la maîtrise de ses armes et débloquer de nouveaux combos, tandis que Lute profite d’un choix plus large dynamisant son attaque ou sa défense.
Les défauts, ça se pardonne
Entre son scénario et son système de combats, Soulstice est un jeu riche en informations. Il n’est pas toujours évident d’arriver à tout suivre, et malheureusement le jeu ne s’arrête jamais réellement. Pour pouvoir trouver certaines informations précises, notamment concernant l’utilisation de certaines compétences, il faut parfois retourner au menu principal et fouiller le codex pour y trouver les réponses.
C’est une entreprise longue et laborieuse, à l’instar de certains pans du jeu qui s’étirent parfois trop sur la longueur. Chaque niveau répète inlassablement le même cycle : exploration, plateformes, combats et on recommence jusqu’à arriver au bout. Mais même si cela peut paraître lassant, l’histoire de Briar et Lute est particulièrement touchante. Et c’est une carotte qui vaut clairement le coup de s’accrocher pour découvrir l’évolution de leur relation.
Malgré ses défauts évidents, à commencer par une patte graphique particulière qui laisse pantois quant à son absence des PS4 et Xbox One, Soulstice arrive à jouer facilement avec les émotions du joueur. Que ce soit avec sa narration, sa mise en scène ou ses combats. Au final, on se retrouve avec un titre qui ne manque pas d’ambitions. Peut-être trop pour son bien. Le projet semble devenu trop grand pour ses créateurs, quelque peu dépassés par la complexité de leurs systèmes, mais parvenant tout de même à produire une œuvre attachante.
Le bilan du test de Soulstice
Un univers riche et complexe qui sait mettre en valeur ses qualités
A la lisière entre l’action-RPG décérébré et le jeu d’horreur, Soulstice profite d’un univers sombre et lugubre très bien développé. Si le tout n’est pas parfait, il ne manque pas grand chose à Reply Game Studios pour offrir une œuvre bien plus marquante. Mais en attendant, le jeu reste une expérience plaisante qui vaut largement le détour.
Les points forts
- Le système de combat est riche…
- L’histoire et l’univers du jeu sont soignés
- Briar et Lute forment un duo de choc
- Une relation fraternelle juste et sincère
Les points faibles
- … mais très mal expliqué et détaillé
- Une caméra parfois trop brouillonne
- La rejouabilité est très limitée, surtout avec des niveaux aussi linéaires