Test Kingdom Come Deliverance 2, de la grandeur à la torpeur

Un épisode plus ambitieux bâti sur les fondations de son prédécesseur.

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Après avoir arpenté les premières heures du jeu en suivant les rails imposés, Warhorse Studios a su se montrer convaincant avec Kingdom Come : Deliverance 2. Fidèle à son prédécesseur, il est aussi riche qu’immersif. A tel point que cela peut parfois paraître trop tant il y a à faire et apprendre. Ce qui peut vite mener à un sentiment de lassitude.

Ce test de Kingdom Come : Deliverance 2 a été réalisé sur PC avec une version fournie par l’éditeur.

Si Henry de Skalice est de nouveau le protagoniste de cette histoire, nul besoin de connaître l’épisode précédent pour se plonger dans cet univers. Warhorse a suffisamment bien construit son récit pour qu’il puisse être compris et apprécié même par un novice. Un point très agréable puisque l’on peut se plonger directement dans l’action. Enfin, dès lors que l’on sait vers où se diriger et quoi faire.

Une liberté effrayante

Dans Kingdom Come : Deliverance 2, on se retrouve très vite libre de toute action et tout déplacement. Une seule directive : suivre la trame narrative en survivant. Peu importe comment. Pour le reste, aucune barrière n’existe, hormis celles de la carte bien évidemment. On se retrouve ainsi à errer sur les routes, visiter les villages, parler aux habitants, chercher du travail, aider les autres, piller des maisons, forger des armes, cueillir des plantes… Tout cela afin de progresser dans l’histoire, tout en veillant à panser ses plaies, se nourrir correctement et dormir suffisamment.

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Forger ses armes et outils permet de gagner du temps et de l’argent

Cette liberté s’applique également aux interactions avec les autres êtres humains. Il est tout à fait possible d’envoyer paître un personnage et ses problèmes, de capituler au milieu d’un combat, soudoyer les gardes, les menacer ou jouer de son charisme pour se sortir de situations délicates. Les solutions pour avancer dans l’intrigue sont donc aussi variées que nombreuses.

Mais aussi enivrante soit-elle, cette liberté n’en reste pas moins déroutante. Il y a tant à faire, tant à apprendre, tant à maîtriser… Difficile d’avoir le temps de tout faire correctement sans se laisser déborder. La topographie n’aidant pas à voir les points d’intérêt à longue distance, on ne sait jamais vers où se rendre. On suit donc le plus souvent bêtement notre boussole afin de ne pas se perdre. De quoi créer de la frustration tant on a l’impression de passer à côté d’un pan complet du jeu de cette manière.

Le rythme de la vie…

C’est en reprenant les bases établies par le titre précédent que Warhorse Studios présente un Kingdom Come : Deliverance 2 bien plus ambitieux. Dans ce tableau immersif, il faut veiller à se nourrir, boire, prendre soin de soi, se reposer… Pour éviter tout problème. On doit donc éviter d’abuser de certaines choses comme la nourriture ou l’alcool sous peine de devenir accroc. Car c’est aussi ça la vie, des addictions qui se créent, des moments de calme, d’autres plus agités.

Pour rester aussi immersif que possible, chaque interaction a un impact direct sur notre réputation. Prendre parti pour une personne ou une autre va faire fluctuer les dialogues avec ces derniers par la suite. Jusqu’à parfois vous faire virer d’un lieu en y posant à peine le pied. Veiller à entretenir de bonnes relations est donc important, même si l’on souhaite devenir un hors-la-loi. Au moindre écart, les gardes peuvent nous arrêter, nous mettre à la potence, nous fouetter, voire même nous exécuter. Autant dire que l’on veut éviter ce cas de figure.

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Avoir un comportement répréhensible peut mener à une correction publique

C’est donc une vraie vie médiévale que l’on expérimente ici. Avec ses avantages et ses inconvénients. Mais sans le danger d’y vivre réellement. Et c’est probablement ce qui va le plus diviser les joueurs. Jouer au rythme de la vie est ennuyeux. L’adrénaline procurée par les quelques combats ne suffit pas à combler ce que l’on fait autour. Porter des sacs n’a rien d’amusant, pas plus que de jouer aux dés.

… Qui dessert le gameplay

Le véritable problème derrière cette immersion très poussée, c’est que tout est laborieux. On se déplace lentement, il faut préparer des repas, prendre le temps de forger ses armes et outils, chaque cueillette s’accompagne d’une cinématique de quelques secondes, le crochetage nécessite une grande précision et maîtrise… Et cela alourdit considérablement l’expérience de manière générale.

C’est toutefois dans les combats que cette lourdeur se fait le plus ressentir. En plus de n’avoir aucun retour sur les coups que l’on met ou que l’on prend, chaque mouvement est d’une lenteur éreintante. Après tout, il fallait bien retranscrire le poids de notre armure et notre arme. Mais ce réalisme se fait au détriment du plaisir que l’on peut prendre. D’autant plus que les personnes que l’on affronte semblent très résistantes par rapport à nous. Tout en étant plus endurant.

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Aussi impressionnant soient-ils, les combats de Kingdom Come : Deliverance 2 sont frustrants

Dans un jeu où l’on doit déjà gérer sa fatigue, sa faim, son hygiène corporelle, son état d’ivresse pour profiter de sa santé de son endurance au mieux, c’est assez laborieux. Bien sûr, l’esprit est de jouer principalement de ruse ou de charisme pour triompher des autres. Mais c’est assez difficile lorsque la seule manière de faire progresser ces compétences est de rater. Car dans Kingdom Come : Deliverance 2, c’est en forgeant que l’on devient forgeron.

Les différentes compétences s’améliorent ainsi à chaque nouvel essai, à chaque action correspondant à sa catégorie. On peut ensuite dépenser des points dans des spécialisations afin d’améliorer ses capacités de marchandages ou martiales. Une progression finalement très diégétique, plutôt réaliste, mais qui sait rester ludique.

Un jeu de niche

Avec ce titre, Warhorse Studios ne semble pas vraiment vouloir élargir son public. Ou en tout cas ne renie pas ses fans de la première heure. Kingdom Come : Deliverance 2 est donc avant tout une amélioration totale du premier. Le gameplay n’a que peu évolué, les mécaniques sont les mêmes en plus nombreuses, mais surtout le jeu est bien plus ambitieux tant dans son écriture que dans sa finition. Enfin, pas tout à fait.

Si l’on peut reprocher au jeu d’être encore perfectible, très peu de bugs et défauts sont visibles. Le studio a fait tout son possible pour que le jeu soit prêt le jour de sa sortie, et c’est assez rassurant de voir cela. On ne peut toutefois pas laisser passer la première version de son doublage français qui manquait clairement d’âme et d’intention. Un point déjà relevé par l’éditeur qui a annoncé vouloir le refaire le plus tôt possible.

Malgré ses défauts, Kingdom Come : Deliverance 2 n’est pas un mauvais jeu. Loin de là. Mais il n’est pas à mettre entre toutes les mains. Tout est laborieux, et c’est voulu. Il faut savoir prendre son temps pour avancer, vivre sa vie et pourquoi pas fonder une famille dans ce monde médiéval. Un rythme lent, celui de la vie, qui aura du mal à convaincre certains. Cela n’a d’ailleurs pas pris pour nous car nous n’avons jamais réussi à nous plonger totalement dedans. L’expérience aura donc été majoritairement désagréable, bien que le potentiel du jeu soit largement visible.

Le bilan du test de Kingdom Come : Deliverance 2

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Un univers riche et complexe qui demande une grande implication

Plus grand, plus beau, plus ambitieux; Kingdom Come : Deliverance 2 marque une nette différence avec son prédécesseur. Pourtant, les bases sont les mêmes. Mais Warhorse Studios a appris de ses erreurs pour s’améliorer et proposer un titre aussi généreux que réaliste. C’est aussi ce qui en fait sa plus grande faiblesse. A vouloir être trop proche de la réalité, une partie des joueurs est d’office exclu de l’expérience. Devoir entretenir des liens sociaux, s’entretenir, faire attention à son apparence et sa nutrition… Des détails beaucoup trop présents renforcent l’immersion mais alourdissent sans conteste le gameplay.

Les points forts

  • Le sentiment de liberté est omniprésent…
  • Le jeu pousse à prendre son temps…
  • Une expérience immersive complète
  • Système de compétences gratifiant

Les points faibles

  • … Ce qui le rend parfois intimidant
  • … Au risque de se montrer ennuyant
  • Les combats manquent de feedback et d’énergie
  • Beaucoup trop d’informations à retenir

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